L'aventure américaine de la Brasserie du pays flamand

> Mathieu Lesenne et Olivier Duthoit fondateurs de la Brasserie du pays flamand cherchent à se développer aux États-Unis, dont ils se sont inspirés des technologies.
Le jour de notre rencontre, Mathieu Lesenne revenait tout juste du Salon mondial de la bière de Los Angeles où se retrouvent chaque année plus de 200 brasseries du monde entier. Il y avait là, aux côtés de la Brasserie du pays flamand, celles des Jonquilles, la brasserie Thiriez et la Saint Germain. Des brasseries artisanales qui cherchent à se faire connaître et reconnaître outre-Atlantique, toutes du Nord-Pas-de-Calais. Mathieu Lesenne est associé à Olivier Duthoit dans la Brasserie du pays flamand, implantée à Blaringhem (62). Six ans après leur premier brassin du 21 août 2008 et 3300 hl plus tard, elle cherche à se développer aux États-Unis. Ses liens avec le continent nord-américain sont forts. Et à force de se faire connaître, elle reçoit désormais des passionnés venus faire en Europe le tour des « farmhouse ale ». « Les Américains savent qu'ils trouveront cette bière à fermentation haute chez les brasseurs nordistes », indiquent les dirigeants.
Une bière très houblonnéeLes deux créateurs se sont imposés sur le marché des bières de spécialité en lançant dès 2010 la bracine de printemps. « Une bière très houblonnée inspirée des bières américaines », expliquent-ils. Elle a connu aussitôt le succès. Ce qui incite les deux créateurs à persévérer et à lancer dans la foulée l'anosteké qui décroche en octobre 2010 une médaille d'or au Mondial de la bière. Les deux brasseurs comprennent très vite que l'anosteké deviendra leur produit phare. « Nous avons été parmi les premiers à nous inspirer de cette technologie américaine. En utilisant des houblons américains associés à des houblons régionaux », informent-ils. Elle représente aujourd'hui près de la moitié des volumes brassés. Après avoir commencé leur aventure brassicole dans les garages, puis sous-traité leur production, les deux copains d'enfance mettent au point progressivement leurs recettes. L'un est titulaire d'un DESS Banque Finances, l'autre ingénieur en agriculture. « On faisait cela en plus de nos métiers », disent-ils. Leur produit colle au marché et ils décident donc de se lancer. En avril 2008, ils rachètent une brasserie d'occasion (la brasserie Feller de Longwy) et trouvent un mois plus tard 1 000 m2 dans une ancienne distillerie reconvertie dans laquelle ils aménagent leur brasserie. Ils produiront un peu moins de 1 000 hl en 2009, mais doivent très vite faire face au développement de l'anosteké. Suit un programme d'investissement (60 000 € en moyenne par an sauf en 2013 où ils investissent trois fois plus). Ils renforcent et structurent leur équipe (7 salariés) et parient sur l'exportation (5 % des 730 000 € du CA 2014). « En 2013, on est sortis de nos cuves. On a voyagé, rencontré d'autres brasseurs et développé plus de collaborations et de séries limitées », raconte Olivier Duthoit en précisant : « On a étoffé la gamme et sorti fin 2013 l'anosteké prestige ainsi que l'anosteké indian pale ale, une version plus légère et encore plus houblonnée. »

« Voilà déjà deux ans que j'étudie cette bière haut de gamme », explique l'un des deux brasseurs en évoquant la cuvée spéciale « wilde leeuw » qu'ils viennent de lancer en novembre dernier, destinée aux cavistes haut de gamme et amateurs éclairés. « C'est techniquement passionnant. On recherche l'excellence avec cette bière qui subit un programme de vieillissement de plusieurs mois dans des tonneaux de chêne ayant gardé vins rouges ou blancs. On entre dans une approche vigneronne de notre métier », reconnaissent-ils. En compagnie de leur œnologue, ils discutent des assemblages tout en déterminant ce que doit être le produit fini. Une bière vieillie en fût, difficilement reproductible.
En parallèle, ils décident d'investir dans l'achat de 42 barriques de bois de 200 l chacune.