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L’avenir du sucre français s’annonce difficile

La réforme de l’OCM sucre annoncée il y a une semaine ne laisse que peu de marge de manœuvre à la France en termes de volume, et va frapper durement au portefeuille.

La réforme de l’OCM sucre rendue publique le 22 juin par la commissaire européenne à l’Agriculture préfigure de sérieux changements dans un marché jusqu’ici très protégé.

Destinée à améliorer la compétitivité des pays européens, la réforme va sans aucun doute faire des dégâts, avec une baisse drastique des prix de référence du sucre (-39% en 3 étapes sur 4 ans) et de la betterave (-42,6% en 2 étapes), une diminution partiellement compensée. « Du fait de la disparition du prix d’intervention, le prix minimum pourra encore être amputé de 10% dans le cadre d’un accord interprofessionnel. Ce qui au final équivaut à réduction du prix final de 50%», calcule Alain Jeanroy, directeur général de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves). La refonte du système des quotas va obliger les producteurs à s’adapter. Si la France voit son quota de sucre A+B (désormais fusionné) rester identique à 3,28 Mt, le volume hors quota (sucre C) va passer de un million de tonnes pour la France à un million de tonnes... pour l’Europe.

Le report vers l’industrie chimique et pharmaceutique de 100 000 tonnes devrait néanmoins être possible, volume auxquel s’ajoutent 300 000 tonnes destinées à la filière bioéthanol.

Dépendante de la réussite des biocarburants

Compte tenu de ces transferts, la production française ne devrait pas être trop impactée, mais reste dépendante de la réussite des biocarburants et, plus important, des décisions de la Commission. Au cas où la réforme de l’OCM sucre ne fonctionnerait pas, elle se donne en effet la possibilité de réduire les quotas. Au-delà de cette querelle de chiffres, le point noir de la nouvelle OCM (en vigueur de 2006/7 à 2014/2015) concerne les importations et les exportations.

Suite à sa condamnation par l’OMC sur les réexportations de sucre issus des pays ACP, l’Europe ne veut plus entendre parler d’exportations, une fin brutale pour un débouché qui représente 6 M t à l’échelle du continent. Plutôt que d’y mettre fin en une seule fois, la CGB est partisane d’un arrêt progressif. Sur le plan des importations, qui devraient passer de 2 à 4 M t, la peur tient au poids du Brésil qui devrait sortir renforcé du nouveau régime. « La Commission a d’ailleurs admis que la réforme pourrait poser problème au niveau des importations », ajoute M. Jeanroy, en évoquant les difficultés voire l’impossibilité de contrôler la provenance du sucre. Le risque de ces changements cumulés est d’arriver à la fin de l’autosuffisance européenne. La consommation avant et après la réforme ne devrait guère varier, à 16 M t. Mais compte tenu de la modification du régime des imports et exports, la production chuterait de 20 à 12 M t. « Dans ce cas, le ratio d’autosuffisance passerait de 125 à 75%» conclut la CGB. « Entre les deux, il y a un juste milieu qu’il semble nécessaire d’atteindre». C’est dans cette optique que les betteraviers européens se rendront à Bruxelles le 18 juillet.

Rédaction Réussir

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