L’aspartame placé sous haute surveillance
Sujet à de nombreuses controverses depuis sa création, l’aspartame a de nouveau été mis en cause dans une étude expérimentale dont les conclusions ont été publiées le 14 juillet. Les résultats obtenus sur des rats par le centre de recherches sur le cancer de la fondation européenne d’oncologie et de sciences environnementales de Bologne soulèvent « de nouvelles questions sur les liens potentiels entre l’exposition à l’aspartame et la survenue de cancers». « Nos travaux démontrent pour la première fois que l’aspartame est un agent cancérigène », a ainsi déclaré la Fondation B. Ramazzini de Bologne, pour qui l’aspartame entraîne une « augmentation statistiquement significative des lymphomes et des leucémies chez les rats femelles, lorsqu’il est administré à des doses très proches de celles auxquelles les êtres humains peuvent être exposés ».
Utilisé dans de nombreux produits allégés, l’aspartame est un édulcorant de synthèse au fort pouvoir sucrant apprécié pour sa faible teneur en calories. Présentés à plusieurs membres de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (AESA), ces résultats vont être examinés de manière approfondie par le groupe scientifique de l’Autorité sur les additifs alimentaires, les arômes, auxiliaires technologiques et matériaux en contact avec les aliments. Les chercheurs à l’origine de l’étude appellent à « revoir rapidement» la réglementation concernant les doses admissibles de cet édulcorant « dans la nourriture et les boissons, en particulier pour protéger les enfants ». Mais pour l’AESA, en l’absence de données suffisantes, « plusieurs mois devront vraisemblablement s’écouler avant que le groupe ne puisse parvenir à une conclusion», ce qui signifie que la dose journalière admissible (40 mg par kg de poids corporel pour l’homme au sein de l’UE) reste inchangée pour le moment. « Toutefois ce sujet sera entièrement réexaminé au cours de l’évaluation des risques qui sera effectuée» précise l’AESA. En 2000, l’Agence Française de sécurité sanitaire des aliments avait été saisie par la DGCCRF sur la question d’un éventuel lien entre exposition à l’aspartame et tumeurs du cerveau, lien considéré comme inexistant par un avis rendu en 2002 et confirmé par différentes agences, dont l’AESA.