L’ascension se poursuit
Alors que cela fait maintenant quelques semaines que La Niña, phénomène climatique bien connu, a été confirmée, entraînant en temps normal des sécheresses en Amérique du Sud, le marché du soja était resté optimiste, sans doute à cause de la faible intensité constatée, ou des quelques précipitations qui laissaient croire à un retour de conditions plus clémentes. Les premières rumeurs de pertes de rendements et les prévisions climatiques sèches ont déclenché la montée des prix. Le rapport du département américainde l’Agriculture (USDA), à paraître ce jeudi, pourrait réorienter le marché en fonction de la prise en compte qu’il fera des conditions climatiques actuelles sur les récoltes de soja au Brésil et en Argentine.
La culture du soja a un fort potentiel de rattrapage, mais il semblerait que la région du Rio Grande do Sul, qui représente 20 % des surfaces de soja au Brésil, a été particulièrement atteinte par la sécheresse, ce qui ferait perdre au moins 1,5 million de tonnes (Mt), pour une production estimée par Oil World à 71 Mt à quelques semaines des premières récoltes ; cela constitue encore une bonne année. En Argentine, le développement des cultures n’est pas encore assez avancé pour souffrir réellement des conditions climatiques, bien que certaines sources anticipent la situation en baissant leurs prévisions de production à 51 Mt (52 précédemment, 49,4 en 2010), soit une petite baisse par rapport à une première estimation qui était, là aussi, élevée.
Parallèlement, les exportations de soja brésilien jusqu’à décembre restent élevées, grâce à une production exceptionnelle l’année dernière (75 Mt), coupant la route à l’origine nord-américaine, qui représentent 40 % des exportations, contre 50 % l’année dernière. L’arrivée de la nouvelle récolte brésilienne pourrait encore entraîner une remontée des stocks de fin de campagne américaine.
Envolée du pétrole
Globalement, la tension reste faible sur les bilans mondiaux de soja, malgré les pertes en Amérique du Sud. Mais comme d’habitude, le marché achète la rumeur plus que les faits, ce qui explique la tension actuelle d’autant plus qu’au phénomène climatique s’ajoute maintenant une tension sur le dollar et le prix du pétrole. Ce sont les Iraniens qui cette fois sont à la source de l’envolée du prix de l’or noir, avec la menace qu’ils font peser sur le détroit d’Ormuz, passage quasiment obligé des exportations pétrolières du golfe Persique.
Pour les semaines à venir, la situation du climat en Amérique du Sud sera au centre des discussions des opérateurs et promet encore de beaux jours au « weather market ». Les opérateurs surveilleront aussi la cadence des importations chinoises de produits oléagineux étant dit que pour le moment leur appétit semble modéré. Ainsi pour l’huile de palme, les sorties de Malaisie ont été particulièrement faibles sur le mois de décembre, ce qui occasionne une remontée des stocks.