L’aquaculture de l’île de Beauté au point mort
Michel Barnier a annoncé cette semaine la volonté du gouvernement de développer l'aquaculture en France (lire LM du 31/10). Il a confié à Hélène Tanguy, maire du Guilvinec, une mission visant à lever les freins qui bloquent l'activité. La tâche s'avère loin d'être aisée. Un petit tour du côté de l'île de Beauté, au cœur de l'actualité cette semaine, illustre les difficultés que rencontrent les aquaculteurs pour agrandir leurs fermes. Actuellement la Corse compte 7 fermes marines, situées près d'Ajaccio, Calvi et Bonifacio, qui produisent chaque année 800 tonnes de bar, 250 t de daurade et 250 t de maigre. L'Ifremer a répertorié 17 zones qui seraient propices au développement de l'aquaculture sur l'île. Cinq ont été retenues dans le plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (Paduc) qui ne devrait pas être voté par les collectivités territoriales avant fin 2008. Une fois le Paduc adopté, les projets de fermes aquacoles ne sont même pas sûrs de passer. « Dans l'ordre des priorités en Corse, c'est le tourisme qui prime », se résigne Sébastien Giraudeau, ingénieur qualité, animateur de Mare et Stagni Corsi, syndicat des aquaculteurs corses. Alors, les éleveurs tentent de mieux valoriser leur petite production actuelle. Le syndicat travaille depuis plusieurs mois à l'élaboration de dossiers pour obtenir un Label rouge et une IGP sur les trois espèces de poissons marins élevés autour de l'île.
Dossier Label Rouge : « tout à refaire »
« On veut faire reconnaître le travail que l'on fait en Corse et se différencier du bassin oriental de la Méditerranée », explique Sébastien Giraudeau. En d'autres termes, les éleveurs corses souhaitent justifier leurs prix en revendiquant une production plus artisanale que celle de leurs concurrents grecs et turcs qui sortent des volumes incomparables. Mais pour l'heure, Mare et Stagni Corsi peine à faire avancer le dossier à l'Inao. « On devait déposer les dossiers fin septembre, mais on nous a dit d'attendre,rapporte l'animateur du syndicat. Et la semaine dernière, l'Inao a changé la donne en rééditant les guides IGP et label rouge ». Rien que sur le dossier Label Rouge, « toute la forme est à refaire et sur le fond nous devons apporter des précisions sur les contrôles », ajoute-t-il, un peu découragé.
La production aquacole corse est commercialisée principalement en Italie et sur le Continent, via le marché de Rungis notamment. La plus grosse ferme, Gloria Maris (elle concentre à seule 40% de la production de l'île), qui a subi un sabotage en janvier dernier, exporte aussi au Royaume-Uni, en Suisse et en Allemagne.