L’application des normes de bien-être suscite la polémique
Les professionnels de l'élevage se montrent toujours aussi réticents sur les normes de bien-être animal durant le transport. Lors d'un colloque organisé jeudi au Sommet de l'Élevage, les autorités se sont quant à elles montrées inflexibles. « Le règlement (CE) 1/2005 n'est pas mature. Il part d'une bonne idée, mais l'équipement nécessaire n'est pas disponible ou pas au point », a plaidé le consultant d'Interbev René Laporte, en faisant référence au suivi par satellite et au contrôle de température. La définition même du bien-être paraît contestée. Concernant les températures, le consultant s'est interrogé sur les plages dans lesquelles les animaux sont en confort, sur la capacité d'adaptation du bétail, selon l'âge, les espèces. « L'UE s'est dotée d'une réglementation sur le transport la plus détaillée, la plus contraignante. Elle est bien en avance par rapport au reste du monde », a souligné René Laporte. Pour lui, les arguments des associations de protection animale sont souvent « spécieux », notamment sur le fait que le transport est synonyme de souffrance inutile, que les longs trajets n'ont pour objet que le profit, que les déplacements sont responsables de la diffusion de maladies. « Des progrès ont été faits. Une généralisation est faite des incidents », a-t-il ajouté.
Le manque de discipline des opérateurs a toutefois été pointé du doigt. Mario Sapino, représentant des autorités italiennes, a relevé que fréquemment les animaux ne sont pas déchargés lors des longs déplacements, que les plans de marche ne sont pas contrôlés, qu'il y a de fausses déclarations. « Le règlement européen n'est souvent pas appliqué », a noté Denis Simonin, de la DG Santé et Protection des consommateurs.
Les infractions relevées
Celui-ci a mis en garde les opérateurs contre une nouvelle campagne des protecteurs des animaux. « Les ONG ressentent une très grande frustration liée à la non-révision des durées de transport et des densités d'animaux, a-t-il signalé. Leur principal axe d'attaque concerne non pas les normes en elles-mêmes, mais le fait qu'elles ne sont pas appliquées. »
Le représentant de Bruxelles s'est cependant montré conciliant par rapport au souhait des professionnels d'une simplification. « D'accord pour travailler plus facilement, mais la qualité doit être la même, a-t-il insisté. Il ne s'agit pas de confondre simplification administrative et changement des exigences. » A propos des températures, Denis Simonin a même donné raison au consultant d'Interbev. La commission va lancer une étude avec les opérateurs commerciaux pour dresser un état des lieux. Mais, la suppression des systèmes de contrôle semble plus compliquée à défendre. « Nous recevons des plaintes en permanence sur la non application des normes », a-t-il répété.