L’AOC gruyère pourrait aboutir en 2006
Un pas de plus vient d’être franchi dans la quête de l’AOC gruyère. L’Inao vient, en effet, de lancer une procédure d’enquête publique sur la future zone d’appellation. Cette dernière devrait couvrir une partie des deux Savoie, le nord de la Haute-Saône ainsi que 59 communes du Doux. La procédure d’AOC lancée, début 2001, par les acteurs de la filière devrait aboutir en 2006. Cette obtention a pour but « de contrer la fabrication anarchique du gruyère sur la majeure partie du territoire français », explique Yves Jeunet, agriculteur et président du Comité Interprofessionnel de Gruyère. Le nombre de producteurs autorisés à fabriquer du gruyère devrait diminuer. D’autre part, il s’agit de faire évoluer son utilisation en le faisant entrer sur les plateaux de fromages. En effet, en France, il reste, surtout consommé râpé ou dans les plats cuisinés. Avec ce futur signe de qualité, les professionnels espèrent, se positionner comme concurrent loyal du Comté et du Beaufort. Pour cela, ils ont opté pour un format de gruyère AOC représentant un compromis entre ces deux fromages.
Une alliance transfrontalière ?
Toutefois, cela ne suffit pas à contenter ses concurrents qui voient, surtout, d’un mauvais œil la superposition de leurs zones de production avec celle du gruyère AOC. Chevauchement qui pourrait provoquer un dilemme, à savoir : qui aura le droit, dans la même zone géographique, d’utiliser l’appellation gruyère ou l’appellation comté ?
Par ailleurs, cette AOC pourrait se heurter à la forte concurrence du gruyère suisse, qui lui a obtenu son appellation en juillet 2001 et qui exporte en France jusqu’à 7 000 tonnes de ce fromage. Une concurrence affaiblie par le positionnement marketing des deux produits : haute gamme pour la Suisse et plus populaire en France. Attentif à ces problématiques, les professionnels de la filière restent néanmoins tournés vers l’avenir. Ils ont, déjà, prévu de créer une AOP transfrontalière avec la Suisse afin de valoriser leurs produits et d’éviter les imitations. Si l’alliance fonctionne, ce sera une première internationale d’autant plus que la Suisse ne fait partie de l’UE.