L’année 2009 sera difficile pour les abattoirs de proximité
Des chefs d’entreprise complets : c’est ce que tous les dirigeants d’abattoirs prestataires de service aspirent à devenir. « Aujourd’hui, ils sont sur tous les fronts : la recherche de financements, le management social, la gestion administrative et industrielle, sans oublier la relation commerciale avec les utilisateurs de l’outil », énumère André Eloi, responsable des affaires générales. Un vrai changement de culture pour les directeurs prêts à remplacer un opérateur en production au pied levé, flux tendu oblige, quand le fait d’aller en production relève du sens du devoir. « Nous allons accompagner cette métamorphose », annonce le gérant de la fédération. Depuis une dizaine de mois, les agents de la FNEAP sont beaucoup sur le terrain, pour offrir aux entreprises une palette de plus en plus complète de services pratiques ainsi que d’audits, de formations ou de rédactions de procédures. Avec un objectif : l’organisation rationnelle de l’outil.
Réorganisation de l’abattage-découpe
Pris en étau entre la diminution de la consommation de viandes de boucherie et la concentration industrielle, les abattoirs de proximité doivent participer à la reconquête des consommateurs. Cette reconquête passe, d’après l’expertise de l’Institut de l’Elevage, par une adaptation des filières et de la présentation des viandes ; autrement dit, une véritable réorganisation de l’abattage-découpe.
La taille de l’enjeu réduit les propriétaires d’abattoirs trop éloignés de la mise aux normes imposée en 2010 à jeter l’éponge. Il ne reste en effet qu’une année pour passer des catégories administratives 3 ou 4 à la catégorie 2. La catégorie 4, la plus basse, concerne une vingtaine de structures. Les DSV demanderont probablement la suspension de celles qui n’ont pas avancé (les préfectures gardant le pouvoir décisionnel). « Les moyens seront mis là où il y a de gros tonnages, mais avec une répercussion tarifaire élevée », pronostique André Eloi.
« On va continuer à œuvrer pour le maintien d’abattoirs de proximité et de service », promet-il, visant la perspective que le plus grand nombre reste ouvert. Mais les investisseurs sont les premiers décisionnaires quand il s’agit de privatiser un abattoir public. Il y a peu de candidats parmi les grossistes et détaillants en viandes, constate-t-on dans le secteur, admettant que l’abattage est un métier très différent du commerce. Dans certaines régions, la prégnance des industriels est évidente. La question de la disponibilité du vif se pose notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, avec le nouvel abattoir Bigard de Feignies (capacité actuelle de 350 bovins par jour).
Enfin, la FNEAP déplore que la réforme sur les abattoirs publics ne soit pas encore passée. Elle est néanmoins annoncée pour 2010. En plus de réactiver la concertation pour le plan d’équipement, elle doit contribuer à assouplir les modalités d’investissement.