lambée sur le marché mondial du saumon
> Le gouvernement norvégien a volontairement refusé de nouvelles licences en 2015.
Nos entreprises adhérentes subissent une très forte tension. Certaines l'ont dit, si elles n'arrivent pas à passer des hausses, soit elles arrêteront de livrer leurs clients et paieront des pénalités, soit elles livreront à perte. Le nombre d'établissements transformant du saumon en France pourrait à nouveau bais-” ser », prévient Pierre Commère, délégué général pour l'industrie du poisson à l'Association des entreprises d'aliments élaborés (Ade-pale). En cause : la hausse brutale du prix du saumon en début d'année. En semaine 14, le saumon frais norvégien (index Nasdaq 3-6 kg) se situait à 6,60 euros du kilogramme, contre 4,80 euros/kg à la même période l'an dernier, soit 37,5 % plus cher. Le prix moyen du saumon norvégien frais s'était déjà maintenu à un niveau élevé, autour de 5 euros/kg tout au long de 2015, quand il a brusquement flambé en décembre 2015 à 5,70 euros/kg puis en janvier à 6,27 euros/kg, rapporte le syndicat des Entreprises du traiteur frais (ETF). « D'habitude, le prix descend après les fêtes, cette année les prix sont restés très élevés », commente Pierre Commère. Au moment où les négociations commerciales se terminaient, les prix flambaient en février pour atteindre plus de 7 euros/kg sur les dernières semaines de mars.
“D'habitude, le prix descend après les fêtes
Plusieurs éléments expliquent ce phénomène brutal. « La demande mondiale est toujours très forte. Et la production norvégienne a été limitée l'an dernier », poursuit Pierre Commère. Dans un souci de maîtrise du pou du saumon, le gouvernement norvégien a volontairement refusé de nouvelles licences en 2015. Ce qui aurait conduit à diminuer la biomasse de 7 %. Par ailleurs, l'arrivée massive d'algues le long des côtes du Chili, sûrement due au phénomène El Niño, et ses conséquences sur l'aquaculture ont déstabilisé le marché mondial du saumon.
20 % de saumons chiliens en moinsSelon les estimations du gouvernement chilien, près de 20 % de la production nationale de saumons aurait disparu, soit quelque 100 000 tonnes. Le Chili approvisionne essentiellement les États-Unis, le Japon, la Russie et le Brésil en saumons congelés. « La France achète à 98 % du saumon frais. Le saumon congelé provient de la pêche, d'Alaska notamment », explique Pierre Commère. Pour autant, la perte de 20 % de saumons chiliens a des répercussions sur les approvisionnements français, les clients habituels du Chili se reportant vers la Norvège.
Une situation qui devrait perdurer plusieurs mois. Selon le courtier Carnegie interrogé par Undercurrent News, si la production norvégienne devait progresser au second semestre 2016, cela ne devrait pas compenser la chute de la production chilienne. Et le marché américain devrait continuer de se reporter vers le saumon européen. Les entreprises d'ETF ne tablent pas sur une reprise normale du marché avant 2018. Le marché à terme Fish Pool cote d'ailleurs 5,46 euros/kilogramme pour l'année 2017 avec un prix de 5,77 euros sur le premier semestre 2017. Des prévisions plus pessimistes qu'il y a un mois.