Laiterie Toury : des repreneurs sur les rangs
Il reste encore trois jours aux repreneurs potentiels pour se faire connaître, mais les candidats ne semblent pas manquer. Les difficultés de la société laitière auvergnate Toury provoquent bien des convoitises locales, nationales et internationales, telles celles des régionaux Dischamp-Comalait, de Lactalis et du groupe espagnol Leche Pascual.
Bien que la compétition reste ouverte, la meilleure offre semble émaner de Lactalis. Le français a déjà mis la main à la poche en avançant 5 M€ à l’administrateur judiciaire qui a pu ainsi envoyer 717 chèques aux producteurs de lait. Ces derniers, rassemblés depuis le début de la semaine dans une association de défense, réclamaient à corps et à cris le paiement des livraisons des deux derniers mois. Cet acompte devrait les faire patienter, dans leurs exploitations des deux régions – Limousin et Auvergne – sur lesquelles elles sont implantées, avant que ne s’affine le dispositif de la reprise possible. Le projet reste à finaliser, les contours de la déconfiture de Toury étant encore assez flous.
La carte régionale
Les chiffres exacts n’ont en effet pas encore été publiés, même si tout devrait être réglé d’ici le 15 mai prochain. Le duo Dischamp-Comalait, dont le dossier est actuellement en cours de rédaction, n’a pas dit son dernier mot. Il porte également sur 5 M€, et joue ouvertement la carte régionale. Guy Faivre, directeur général de Comalait, et les frères Dischamp l’ont souligné récemment : « Nous devons continuer seuls à décider de nos stratégies d’AOC ». Allusion à la politique parfois controversée menée par Lactalis en matière d’appellation (notamment en Normandie). Aussi le tandem affiche-t-il clairement ses positions en matière de saint-nectaire, spécialité dans laquelle Toury était jusque-là leader.
En dépit de ce contexte, Lactalis semble bien parti pour l’emporter, surtout après son geste financier. Mais rien ne sera joué avant le passage obligé devant le tribunal de commerce et les décisions qui en découleront. La carte jouée par Dischamp reste séduisante tout en soulignant quelques évidences, rappelées d’ailleurs par son représentant lors d’une conférence de presse : « Nous nous engageons à trouver des solutions pour tous les producteurs de lait sans exception, mais il faudra organiser la collecte différemment. Cette affaire marque un tournant dans les AOC d’Auvergne, car en cas de reprise par un groupe national ou international, les acteurs régionaux risquent d’être marginalisés. Notre proposition est donc une assurance pour les producteurs locaux. »