Lait : prix en baisse, aides en hausse

L'accord sur le prix du lait signé le 13 septembre dernier, après quelques semaines agitées, ramène un peu d'ordre dans un climat qui reste tendu. L'origine du conflitest la baisse orchestrée par les transformateurs, que la FNPL (producteurs) accuse de vouloir s'approprier l'aide laitière versée directement par Bruxelles. Une accusation réfutée par le directeur de la Fnil (industriels), pour qui la compensation offerte ces deux dernières années par l'UE « est plus que totale ».
Au-delà de la querelle de chiffres, cet épisode a rappelé le caractère de plus en plus important de l'aide directe laitière. Actuellement versée à hauteur de 12 euros/1 000 litres, elle sera portée à 24 euros à partir du 16 octobre. Et selon l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), ces paiements directs sont amenés à avoir un poids croissant dans le revenu des exploitations.
Après des années de prix garantis, la PAC doit désormais tenir compte des marchés mondiaux, avec comme moyen de compensation le versement d'aides (DPU et aides additionnelles).
Les calculs de l'Inra prévoient une forte augmentation de ces dernières : d'un montant de 2 600 euros par exploitation laitière en 1990, elles ont atteint 17 000 euros en 2000 et pourraient s'établir à 26 100 euros en 2008. Un montant qui serait alors supérieur aux aides touchées par les exploitations ovins-caprins (21 300 Eur), et qui talonnerait les unités bovin viande (29 100 Eur). Toujours sur la base de ce scénario, les producteurs laitiers deviendraient alors totalement dépendants de Bruxelles, avec un ratio aides directes sur revenu courant avant impôt allant jusqu’à 125 % en 2008 (contre 14% en 1990 et 58% en 2000).
Les exploitations intensives pénalisées
Toutes ces données restent corrélées à la baisse du prix du lait de 20 % sur la période étudiée par l'Inra (2000-2008), un scénario plausible au regard de l'évolution négative des prix (voir graphique). Pour les producteurs, cette perspective n'est guère encourageante, leur revenu hors aides diminuant d'année en année compte tenu de la régression de prix à laquelle s'ajoutent l'inflation et la hausse des charges, notamment le poste énergie. La baisse des prix du beurre (-25 %) et de la poudre de lait écrémé (-15 %) opérée par l'UE entre 2004 et 2007 n'est pas non plus de nature à améliorer la situation.
Il va également falloir tenir compte du découplage partiel des aides, mis en application au 1er janvier 2006 en France. Ce dispositif aura des conséquences négatives pour les exploitations les plus intensives qui seront d’autant plus attentives au prix du lait.