L’aide au stockage du porc laisse peu d'espoir
L’ouverture des aides au stockage privé n’apaise guère les tensions sur le marché du porc. Lundi, le cadran de Plérin a été le théâtre de discussions très tendues impliquant la Confédération paysanne. Un communiqué des abatteurs découpeurs du SNCP a aussitôt dénoncé la pression sur le cours du jambon. « La baisse de cette pièce, décidée et confirmée cette semaine par les grands salaisonniers français, risque d’entraîner le marché en production vers un nouveau recul, alors même que les éleveurs traversent une crise grave et que la filière prône la solidarité et le maintien des équilibres », déclarent-t-ils.
L’opération de dégagement décidée par Bruxelles ne fait certes que commencer. Un règlement publié samedi au Journal officiel de l’UE précise que les demandes d’aide peuvent être introduites à compter du 29 octobre. Compte tenu des délais imposés, les premières mises en stock ne pourront pas intervenir avant le 6 novembre. Les quantités minimales, par contrat et par produit, sont de 10 tonnes pour les viandes désossées, 15 tonnes pour le reste. Quant à la durée du stockage, elle varie entre 3, 4 ou 5 mois, et peut être ramenée à 2, dans le cadre d’une exportation vers les pays tiers. Au total, 100 000 tonnes sont concernées, pour une enveloppe d’environ 40 millions d’euros.
« Cela va absorber l’équivalent de quelques jours de production dans les abattoirs de l’UE », note le président délégué du SNCP Paul Rouche.
Impact limité
Autant dire que l’impact sera très relatif. De plus, la grande majorité des aides ne servira, selon lui, qu’à financer le stock-outil. « Il faudrait que les volumes en jeu puissent sortir du marché européen. Sinon, le seul effet sera de prolonger la crise. Et, d’après moi, elle ne sera pas réglée dans cinq mois. » Les chances d’obtenir un coup de pouce supplémentaire, sous la forme de restitutions à l’export, sont jugées bien mince. « La Commission se borne à intervenir uniquement en fin de crise,juge-t-il . Elle est réticente à accorder des aides à l’export, vu le contexte des négociations à l’OMC. Enfin, elle ne semble pas mécontente de voir baisser l’offre. »
Le danger est bien là. Dans son communiqué, le SNCP souligne que « la crise porcine n’aura pour seul effet que diminuer notre potentiel de production et tendre les prix dans quelques mois du fait d’une offre qui se sera raréfiée ». « Les mêmes qui appuient aujourd’hui sur les prix protesteront, dans quelques mois, avec force communiqués pour dénoncer des cours du jambon trop chers », conclut le syndicat.