L’agroalimentaire reste frileux face à Iso 14001
Lors du salon Pollutec, les idées innovantes pour favoriser des modes de production écologiques proliféraient, mais au regard des chiffres, leur application apparaissait plus compliquée. Avec ses 4 % d’entreprises certifiées en 2003 (source : association Orée), le secteur de l’agroalimentaire ne parait pas très au fait de la norme environnementale Iso 14001. La certification Iso 14001 apparaît en effet bien ingrate. Alors que la norme Iso 9001 permet de fédérer une équipe autour d’un objectif de qualité, Iso 14001 a une visée écologique, et beaucoup de producteurs et de distributeurs alimentaires ne voient pas l’avantage qu’ils peuvent en tirer. Jean Noël Rieu, directeur général du cabinet d’accompagnement Norisko environnement ne cache pas sa déception « le secteur agroalimentaire ne s’est pas mis à l’ère de l’écologie ». Le problème est profond puisque plusieurs entreprises qui acquièrent malgré tout leur certification se la voient retirée à l’inspection suivante, parce qu’elles n’ont pas respecté les engagements pris. « La norme Iso 14001 est facile à obtenir, mais elle s’inscrit sur le long terme. Il ne suffit pas d’ajouter l’attribution environnement au responsable qualité pour faire une entreprise écologique : il faut que toute l’équipe change de mentalité », précise Gwénaël N’Guyen employée chez Norisko. Iso 14001 a ceci de particulier qu’elle ne dépend pas d’une « grille » d’exigences applicables à toute société. « Les exigences de Iso 14001 sont mal comprises ». Elle poursuit « Beaucoup d’entreprises la conçoivent comme un examen de passage, alors qu’elle exige un changement de comportement». Les organismes de certification demandent donc la mise en place de systèmes plus écologiques dans la mesure de la capacité de ceux qu’ils inspectent, « une reconnaissance à l’effort », résume un inspecteur.
Eviter le gaspillage
Un effort que les entreprises ont tout intérêt à faire, si l’on en croit les cabinets d’accompagnement à la certification. Chez Ineris, André Carrau argumente que l’acquisition du label permet de mettre fin à une multitude de gaspillages. Il souligne « lors de nos consultations, nous mettons le doigt sur des pertes inutiles d’argent due à une mauvaise gestion de l’eau, de l’électricité et des déchets. Dans la majorité des cas, nous pouvons garantir un retour sur investissement dans les cinq années. « L’argument de la tranquillité devrait faire des émules» les entreprises certifiées Iso 14001 s’évitent les tracasseries administratives que peuvent engendrer des problèmes environnementaux. « De surcroît, le temps joue pour l’écologie », analyse André Carrau « le prix de l’enlèvement des déchets augmente, la pression des administrations se fait plus forte, d’une façon générale la société tolère de moins en moins la pollution ».
Tous secteurs d’activités confondus, 2344 entreprises françaises étaient certifiées Iso 14001 fin 2003 selon la Federal Environnemental Agency. C’est à peine plus que la Suède et moins que ses voisins britanniques, espagnols et italiens.