L'agriculteur restera dépendant des aides
L'agriculture pourra-t-elle vivre des prix plutôt que des subventions ? Des éléments de réponse ont été apportés hier, lors d'une présentation à la presse des résultats de la prospective « Agriculture 2013 ». « On observe une grande dépendance aux aides », a souligné la présidente de l'Inra Marion Guillou. « Autre enseignement, l'élevage à l'herbe est particulièrement fragile. »
Cette prospective, conduite à l'initiative de l'Inra, du Crédit Agricole et de Groupama, vise à examiner les évolutions possibles de l'agriculture française et européenne dans un contexte mondial marqué par des incertitudes majeures : issues des négociations de l'OMC, évolution de la demande mondiale, montée des préoccupations environnementales, révision de la Pac. Trois scenarii ont été proposés par un comité d'experts et analysés à l'aide des travaux de plusieurs équipes de modélisateurs et par des panels de spécialistes.
Le premier scénario pose comme hypothèses une croissance économique mondiale ralentie, des réglementations environnementales inchangées. La Pac n'évolue pas, mais l'UE développe les utilisations des biocarburants de première génération. L'issue des négociations de Doha est incertaine. Dans ce contexte, l'avenir des secteurs céréaliers et oléagineux dans l'UE dépend fortement de la politique communautaire en matière de biocarburants. L'avenir des productions animales est quant à lui très dépendant des politiques aux frontières européennes, d'abord en termes de droit de douane, mais aussi, dans le cas du lait et des produits laitiers, en matière de subventions aux exportations.
Un impact inégal
Dans le deuxième scénario, basé sur un régime de croissance économique tendancielle, la suppression des instruments de régulation communautaires des productions herbivores a un impact négatif sur ces productions, impact aggravé s'il y a, en outre, accord multilatéral à l'OMC. Dans la mesure où le maintien de ces outils de régulation ne permettrait que partiellement de compenser les effets contraires de la baisse des droits de douane et de la suppression des restitutions impliquées par l'accord multilatéral, se pose la question de la définition d'instruments efficaces de soutien aux productions animales bovines et ovines. Une politique agro-environnementale peut alors viser le maintien d'élevage extensif en zones défavorisées.
Dans le troisième scénario, le renforcement de la croissance économique a un impact sur l'agriculture communautaire et française. Cet impact est toutefois inégal selon les productions et les secteurs. Il est très positif pour les céréales et les oléagineux, positif pour le lait et la viande bovine, mais faiblement positif pour les viandes porcine et de volaille, les élevages de moutons et de chèvres.