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L’agneau irlandais souligne son caractère « poly-gamme »

Du carré d'agneau au jarret précuit, les industriels irlandais ont des solutions pour dynamiser la consommation ovine. Ils s'apprêtent à déployer de nouvelles découpes sur le marché français.

«C’est de la boucherie, qu’on fait dans notre usine ». Joseph Hyland est fier de présenter la variété de ses découpes en viande ovine. Le directeur général d’Irish Country Meats arrive à compenser la baisse des abattages par un gain de valeur ajoutée. Du site industriel de Camolin, dans le comté de Wexford (sud-est de l’Irlande), sort une large gamme de produits prêts à cuire. Les carrés, couronnes et autres noisettes d’agneaux ont en commun de répondre à une demande de produits pratiques. Ils présentent aussi l’avantage de valoriser au maximum les différentes parties de l’animal. L’entreprise propose même du « lamb burger », une préparation hachée avec du fromage et des échalotes.

« Les clients français sont de plus en plus intéressés par nos découpes », signale-t-il. Irish Country Meats, qui se définit comme le principal transformateur d’agneau en Irlande (plus d’un million de têtes abattues), réalise 60 % de son chiffre d’affaires à l’export. L’Hexagone constitue son premier débouché. C’est un marché encore très traditionnel, où la demande de carcasses reste prépondérante. « On va taper fort cette année, en développant la vente de découpes », annonce Joseph Hyland. Le terrain s’y prête. Interbev Ovins, l’interprofession française, travaille main dans la main avec ses partenaires anglais et irlandais. Des démonstrations de découpes ont récemment été organisées pour les industriels français. « L’idée est de mettre en place une communication sur l’agneau générique. Elle doit avoir pour thème la praticité des produits », déclare Bernadette Byrne, du Bord Bia, l’office de promotion des produits agroalimentaires irlandais.

De la carcasse à la découpe

Irish Country Meats (chiffre d’affaires : 95 millions d’euros) consacre d’importants moyens à sa stratégie basée sur la valeur ajoutée. La filiale ovine de Linden Food Group a investi 7 millions d’euros en deux ans sur ses deux sites de production, à Camolin (4,5 M) et Navan (2,5 M). Cela a permis de doubler la capacité de l’atelier de découpe, à 200 tonnes par semaine. La capacité de mise en barquette a été portée à 50 tonnes hebdomadaires. « Notre objectif est de parvenir à 20 ou 30 % de découpes expédiées vers la France », précise le directeur général. Le turbo est enclenché depuis quelques années. Selon les chiffres communiqués par le Bord Bia, 10 600 tonnes de viande d’agneau déjà découpée et désossée a été exporté en 2006, soit une part de 29 % (21 % pour l’Hexagone), contre 13 % en 2000.

« Il n’y pas d’avenir dans la vente en carcasse », considère Sean Coffey, de Kepak. Cet autre géant du secteur développe la viande précuite. Plusieurs constats l’ont motivé : une consommation en panne, des prix élevés, un déséquilibre matière, une désertion des jeunes consommateurs. L’entreprise a lancé la marque Global cuisine, avec comme argument choc, un temps de préparation de 7 minutes au micro onde ou 20 minutes au four traditionnel. Son produit phare est le jarret d’agneau précuit d’environ 350 g pour une personne. Là encore, d’importants investissements ont été nécessaires. Kepak a investi 8 millions d’euros dans la construction d’une usine, l’installation de nouveaux équipements, la création de la marque.

Un plan en 37 points

Ce type d’action s’inscrit dans un vaste programme visant à dynamiser le secteur ovin. 37 recommandations ont été définies pour l’ensemble de la filière. Elles visent notamment à améliorer les pratiques d’élevage. Une charte nationale d’assurance Qualité est lancée cette année par le Bord Bia. Des actions de marketing sont aussi prévues. Les jeunes consommateurs sont la cible d’une campagne TV. Déjà, quelques chiffres encourageants peuvent être signalés. La consommation de viande ovine a augmenté de 3 % l’an dernier en Irlande, où elle représente 4,8 kg par habitant (contre environ 4 kg en France). Les produits élaborés entretiennent cette croissance. En France, un député, Yves Simon, vient de proposer douze mesures pour enrayer le déclin du secteur ovin. Espérons que son rapport ne sera pas lettre morte.

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