L’activité bétail menacée sur le port de Sète ?
« Certes, il y a des divergences de point de vue avec la Chambre de Commerce, mais rien ne justifie autant d’incompréhension. » Laurent Trémoulet, le directeur de la société d’exploitation du parc à bestiaux du port de Sète (Sepab) est en effet inquiet pour l’avenir du premier port à bétail en Méditerranée.
A l’origine de l’imbroglio actuel, la volonté de la nouvelle équipe dirigeante de la CCI, gestionnaire du port, d’une nouvelle organisation spatiale du site.
La CCI souhaite développer le trafic passager et veut éviter la proximité bétail/voyageurs qui partagent le même bassin. La solution envisagée est donc de déplacer le parc à bestiaux. « Si la CCI veut libérer le quai, ce n’est pas à la Sepab de financer ce déménagement. Nous considérons que c’est à elle de se doter des moyens financiers pour la réorganisation des quais. Nous sommes liés par convention jusqu’en 2016 et nous attendons des propositions» , explique Laurent Trémoulet.
Un déménagement « n’est pas à exclure »
La situation est d’autant plus délicate que la Sepab a des projets d’agrandissement et prévoit des investissements pour la création d’une station de nettoyage des camions. « Le projet d’agrandissement du parc-tampon a été validé par nos actionnaires. Il nous est indispensable pour stocker le bétail avant l’embarquement, poursuit M. Trémoulet. Pour l’heure nous avons trouvé une solution palliative en créant un relais à Bourg-en-Bresse, lorsque le parc sature. Pour mémoire, il a été configuré pour 50 000 bêtes/an et nous en recevons 70 000. Quant à la station de nettoyage des camions, les règlements ne nous imposent pas d’en être dotés avant 2007. D’ici là, nous en serons équipés. Nous avons trois projets sérieux, dont un est prêt à démarrer. Nous mènerons ces réalisations à bien avec ou sans la CCI. » Ce qui pourrait sous entendre un déménagement dans un autre port. « Cette solution n’est pas à exclure. Si la CCI de Sète considère que le transport du bétail ne représente que 15 % à 20 % du trafic portuaire, d’autres ports ne refuseront pas 200 bateaux par an et toute l’activité induite. »
Il y a un dernier argument que Laurent Trémoulet réfute. C’est la baisse des exportations passées de 120 000 têtes en 2004 à 70 000 en 2005.« On nous oppose une réduction d’activité sur la base de chiffres qui ne sont pas comparables. 2004 a été une année exceptionnelle, avec un très fort regain d’activités amorcé en 2003, qui faisait suite à la crise ESB, argumente-t-il. Tout le monde annonce une catastrophe, alors que nous réalisons un chiffre normal dans des conditions particulières : il y a peu d’animaux sur le marché, les taureaux de boucherie se vendent en dollars et les acheteurs se tournent vers le Brésil. Alors, heureusement qu’il y a eu 70 000 bêtes exportées à partir de Sète l’an dernier», conclut le responsable.