L’abattoir de Guéret vaut-il un euro ?
Le feuilleton de l’abattoir de Guéret, en Creuse, se poursuit sur fond de polémiques, d’affrontements politico-judiciaires et de bons mots médiatiques. En résumant lapidairement, l’abattoir municipal est fermé depuis plusieurs mois après un dépôt de bilan et une cessation d’activité des suites d’une gestion aléatoire et d’une conjoncture économique désastreuse. Le Conseil Général de la Creuse souhaite cependant le relancer, avec 13 salariés, en achetant les murs. Une SARL a été créée par le département, baptisée « L’abattoir creusois » et proposition a été faite pour une reprise du site à l’euro symbolique. On notera au passage que la Communauté des Communes de Guéret, d’abord partenaire engagé dans le projet a depuis fait machine arrière.
Le liquidateur ne l’entend cependant pas de cette oreille, refusant de céder à « vil prix » une structure valant beaucoup plus d’un euro, tout en mettant en doute la pérennité de la future société, plus proche selon lui de « l’entreprise d’insertion que de l’opérateur d’abattage ». Arcadie reste de son côté embourbé dans une procédure connexe, sur fond d’acquisition du site en 2003, dans des conditions pour le moins complexes, au nom de la préservation de 80 emplois. Le tout aura amené d’ailleurs à 60 licenciements au coût estimé de 700 000 € par l’AGS et à la fermeture pure et simple.
Le tribunal de Commerce local s’est donné jusqu’au 29 janvier pour rendre sa décision dans ce dossier plus proche de la bouteille d’encre que de la cession transparente. Pour la défense des anciens propriétaires, le département « fait semblant de vouloir récupérer un abattoir pour lequel il n’a jamais fait de proposition de reprise sérieuse « et mène » une tentative de spoliation sur un outil estimé à 950 000 € ». Elle enfonce le clou en prédisant de toutes manières « un véritable plantage programmé », qui rejoint l’opinion de nombreux professionnels locaux, partis faire abattre ailleurs leurs bêtes creusoises.