La volaille plein air assignée à résidence

Le confinement des volailles élevées en plein air a été décidé par le gouvernement à dessein de protéger l'aviculture française d'une éventuelle incursion dans l'Hexagone du virus H5N1. Un arrêté du ministère de l'Agriculture publié hier demande que les oiseaux soient maintenus à l'intérieur de bâtiments fermés dans une vingtaine de départements qui présentent un risque particulier de contact avec les oiseaux sauvages. Cette disposition, applicable jusqu'au 1er décembre, n'était pas recommandée par l'Afssa dans son avis du 21 octobre. Elle est accueillie sereinement par la Confédération de l'aviculture (CFA), au nom du principe de précaution mais aussi parce que M. Bussereau a promis un accompagnement financier.
Sur ce point, le ministre devait discuter hier avec la Commissaire agricole européenne d'un cofinancement européen. Quant aux éleveurs de volailles et poules pondeuses en plein air, le ministre assure avoir demandé à la commission nationale des labels et des certifications (CNLC) des dérogations à l'attribution du Label rouge et d'autres signes officiels de qualité.
Sur le plan technique, le nombre de volailles au mètre carré de bâtiment est bien moindre en élevage label rouge ou biologique qu'en élevage standard. Exemple : 11 poulets en label rouge contre plus de 20, 9 poules en bâtiment collectif. Par ailleurs, les bâtiments sont plus petits et cloisonnés, ce qui limite la cohabitation à un millier de poulets. D'où l'assurance exprimée à l'Itavi que le confinement est généralement faisable.
«Il n’est plus temps d’épiloguer»
Un responsable du Syndicat des Labels Avicoles de Challans en Vendée (SYLAC), qui s'apprêtait hier matin à diffuser la consigne auprès de tous les éleveurs du département, pensait que les poulets seraient simplement " surpris " de trouver les trappes fermées au lever du soleil, d'où une certaine nervosité, mais qui devait vite se calmer.
" L'heure n'est pas à épiloguer ", a-t-il considéré devant le fait que seul le nord de la zone de production des volailles de Challans est à risque particulier de contact avec les migrateurs - les environs du lac de Grandlieu.
Une dizaine d'IGP sont établies dans les départements désignés par l'arrêté : Vendée, Normandie, Ancenis, Challans, lande, Janzé, Alsace... sans compter l'AOC volaille de Bresse partiellement localisée dans l'Ain.
Si le confinement n'est pas praticable...
L'arrêté prévoit des dispositions lorsque le maintien en intérieur n'est pas praticable. Cette situation concerne en particulier les canards et oies prêts à gaver. Dans ce cas, en plus des dispositions recommandées par l'Afssa (protection des mangeoires, abreuvoirs et fourrages), l'éleveur doit devra faire à une visite par un vétérinaire dans un délai d'un mois. Des comités d'application départementaux vont se constituer auprès de chaque sous-préfecture. Ils vont permettre « une adaptation au plus près des zones concernées », se rassurent la FNSEA et la CFA, ou de traiter la mesure au cas par cas, espère-t-on au Synalaf.
D'autres mesures sont arrêtées et s'appliquent jusqu'au 1er décembre. Ainsi, est interdit tout rassemblement d'oiseaux, à l'occasion de foires ou de marchés, sauf dérogation préfectorale en dehors des départements à risque particulier de contact avec la faune sauvage. Par ailleurs, comme tout contact avec la faune sauvage doit être prévenu, la technique de chasse ayant recours aux oiseaux appelants est proscrite, a annoncé hier matin Nelly Olin, ministre de l'Ecologie. Enfin, sur tout le territoire, les éleveurs ne doivent plus utiliser d'eaux de surface, sauf si elle est traitée ou si le point d'eau est protégé. En prenant ces dispositions généralisées, dont le confinement, la France s'aligne sur l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche et la Pologne.