La volaille label veut croire à son avenir commercial
Les volailles sous Label Rouge ou biologiques doivent s'adapter à la compression des pièces entières dans les linéaires de la grande distribution, se mettre en avant dans les restaurants collectifs ou commerciaux, rester compétitives sous formes de découpes et de produits élaborés ; en somme, elles doivent se vendre mieux sans pour autant se dévaloriser.
Tels étaient les propos de l'assemblée générale du Synalaf (syndicat national des labels avicoles de France), qui s’est tenue hier à Charenton (Val de Marne). « Nos labels ont un avenir ! » était l'invitation exclamative à une table ronde où siégeait Jérôme Bédier, président de la FCD (distribution intégrée) et Sylvie Pradelle, responsable de l'Union nationale des consommateurs. Aucun doute n'a été émis sur l'avenir des Label rouge et Agriculture biologique. Ceux-ci représentent un tiers des achats de poulets par les ménages français et 11 % des achats d'œufs en coquille. Ils se remettront de la crise médiatique de la grippe aviaire au gré de la reprise de l'offre.
Selon Sylvie Pradelle (UFC-Que Choisir), les labels sont des valeurs sûres, à préserver du brouillage de la multiplication des signes distinctifs. Jérôme Bédier (UFC) a fait part de sa confiance dans les labels ainsi que dans les indications d'origine et les garanties de traçabilité. Aussi, les responsables syndicaux ont-ils rappelé leur attachement à leurs IGP. Un succès en 2005 : le poulet Label Rouge a progressé de 4 % en Restauration hors domicile l'an dernier ; ce circuit de la RHD, occupé à 35 % par les ventes directes des abattoirs, représente maintenant 11 % des ventes totales de poulet LR.
Des handicaps à lever d’urgence
En revanche, les échanges et discours ont mis en relief les multiples handicaps, techniques et réglementaires qui devront être levés. Sous leur effet, les découpes de poulet label se vendent en grande et moyenne surface jusqu'à 65 % plus cher au kilo que la pièce entière, ce qui est excessif, admet-on communément. Le label bio piétine ou recule en volaille de chair comme en œuf.
Le président du Synalaf Eric Cachan a énuméré dans son rapport moral l'ensemble des « freins » au dynamisme des filières de qualité. Des rigidités particulières affectent les guides de bonnes pratiques, les notices techniques et les plans de contrôle minima. Ce sont les règles de lien au sol, de mixité ou de densité des pondeuses pour les productions biologiques.
La future notice technique pour la volaille de chair représente une planche de salut pour le Synalaf qui voudrait la voir valider fin septembre. Une telle notice permettra de mieux pénétrer les marchés des découpes et des surgelés.
Le représentant du ministre directeur adjoint du cabinet, François Rieger l'a promise avant la fin de l’année 2006. Eric Cachan a encore exposé les espoirs de la filière biologique dans le nouveau règlement européen et dans une harmonisation européenne. Jérôme Bédier, le président de la fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) a suggéré quelques pistes de progrès : rendre la mention d'origine obligatoire (celle du pays au moins) sur les découpes et produits élaborés, solliciter les enseignes pour tester des segmentations et des échelles de prix de détail, associer les distributeurs à la réforme de l'établissement des signes officiels de qualité, et enfin adopter le « triple net» pour contourner l'inextricable question des marges arrière.
Un responsable de syndicat a suggéré de communiquer sur la génétique et l'âge d'abattage des volailles sous labels. Le public de l'assemblée générale n'avait pas l'air abattu par la grippe aviaire. Son spectre pourrait malheureusement se rappeller au souvenir de la filière avicole dès l’automne prochain, estiment les spécialistes.