La volaille française réclame plus de solidarité
Depuis le 11 mars, la nouvelle campagne de communication de l'Association de promotion de la volaille française (APVF) est visible dans plusieurs journaux de la presse généraliste (nationale et régionale), professionnelle et des collectivités territoriales. Trois visuels mettent en scène des consommateurs qui « deviennent des consomm'acteurs », intégrant les aspects sociaux et économiques dans leur acte d'achat. Dans un contexte général de crise agricole, l'accent est notamment mis sur l'importance de la filière avicole française pour le maintien de l'emploi dans les régions. Ce message, destiné en priorité aux décideurs, qu'ils soient des élus locaux ou encore des acteurs de la restauration collective et traditionnelle, fait suite à une année 2015 en demi-teinte.
L'Association déplore que « si la demande est là, elle profite malheureusement plus aux importations qu'à l'approvisionnement national ». En effet, en 2015, la consommation indigène totale de volailles de chair, incluant la demande de la restauration hors foyer, des industries et des cir-cuits standard, a progressé de 1,7 % par rapport à 2014, selon Agreste. Mais en parallèle, les importations de viandes de volaille ont continué à grimper de 4,7 %. Roland Tonarelli, président de l'APVF, explique en premier lieu ce résultat par une « concurrence acharnée » sur la volaille standard, et plus spécifiquement venant de la Pologne, qui a détrôné la France de sa place de premier producteur de volailles en Europe. Gilles Le Pottier, délégué général des interprofessions de la dinde (Cidef) et du poulet de chair (CIPC), ajoute qu' « en 2015, compte tenu de l'évolution de la demande (sur l'ensemble des marchés, ndlr), il n'y a pas eu assez de capacités de production pour assurer cette demande ». Selon les responsables, plusieurs facteurs sont en cause, comme les difficultés pour recruter des éleveurs, les démarches compliquées pour construire de nouveaux bâtiments et le montant élevé des investissements.
Par ailleurs, en 2015, la production indigène totale de volailles a grimpé de 1,4 %, tirée notamment par la hausse de 3 % en poulet. Néanmoins, ces disponibilités supplémentaires ont profité en partie au commerce de la viande de poulet à l'export, qui a été très dynamique l'année dernière (+3,3 %). En contrepartie, la production de dindes a été pénalisée, avec un recul de 2,9 %. « On a dû arbitrer entre différentes espèces », justifie ainsi Gilles Le Pottier, qui estime toutefois que cette situation devrait s'améliorer en 2016, dans un contexte économique différent. Roland Tonarelli se veut aussi rassurant en précisant qu'en dépit du poids important des importations en France, « la filière a la capacité de se redévelopper ».
Certaines enseignes jouent le jeuÀ travers sa campagne, l'association continue à « militer » pour l'étiquetage d'origine des viandes et des produits transformés de volailles, mais le président de l'APVF reconnaît qu'ils ne sont « pas près de gagner la bataille sur les produits transformés ». Néanmoins, il s'est félicité des « belles signatures réalisées en 2015 », à l'instar de Bonduelle qui appose le logo « volaille française » sur certaines de ses salades traiteur. Flunch, avec un poulet 100 % français, mais aussi KFC et McDonald's font également partie de ces « enseignes qui jouent le jeu ».