La vogue des soupes et des salades profite aux croûtons
En quittant le secteur de la viande il y a bientôt 20 ans pour racheter le fabricant de biscottes Albatros, François Gousseau n'imaginait pas rencontrer une telle réussite. Depuis 1987, date de la reprise, le p-dg de la PME vendéenne a presque multiplié les ventes par 4, passant de 4,5 à 19,9 millions d’euros, sans que la tendance s'essouffle puisque les perspectives sont de +15% en 2006. « Ce chiffre correspond à l'évolution du marché, mais nous espérons faire encore mieux», confie le pdg, qui a su monter dans le bon train au bon moment.
En 1987, Albatros fabriquait uniquement de la biscotte, aux côtés d'une quinzaine d'autres intervenants français. François Gousseau décide alors de ne pas se heurter à ses concurrents, dont il ne subsiste aujourd'hui que des gros industriels comme Danone, Pasquier ou Jacquet. « J'ai toujours cherché à savoir ce qui est porteur, et j'ai choisi le croûton», déclare t-il. Bien lui en a pris, puisque aujourd'hui, avec le développement des soupes et salades, l'horizon est dégagé. Le site historique de Fontenay-le-Comte connaît cette année un investissement record de 2,3 millions d’euros (deux fois plus qu'à l'accoutumée), ainsi qu'un agrandissement de l'atelier de production pour répondre à la demande des GMS (40% du CA), des industriels (10%), de la RHF (10%) et de l'export (40%).
Une stratégie orientée vers les MDD
La stratégie est orientée très clairement vers la MDD. Sur place, les lignes fabriquent croûtons et mini-toasts, selon un process de panification croustillante. Le pain de mie est produit, puis tranché selon la forme désirée et déshydraté. De cette manière, 7000 tonnes sortent annuellement de Fontenay-le-Comte, un chiffre appelé à augmenter avec la prochaine mise en place d'une ligne de production supplémentaire.
L'activité biscottes qui subsistait a d'ailleurs été délocalisée à Saint Martin de Londres dans une usine rachetée en 2000 par François Gousseau, pour assurer la spécialisation des sites. « Notre force, c'est la rapidité d'action car nous sommes une PME, et notre adaptation aux demandes des clients. Car il n'existe pas un mais des croûtons», déclare le p-dg, dont la gamme atteint 600 références, entre croûtons cubiques, ronds, nature ou aromatisés. C'est peut-être ce qui a fait pencher la balance en sa faveur lors d'un contact avec MacDonald's. À la recherche d'un fabricant de croûtons pour ses salades en plein développement, le géant de la restauration a opté pour Albatros. Exigeant que le Vendéen forme un deuxième fournisseur anglais à la fabrication, MacDonald's l'a récompensé en lui octroyant la distribution dans 15 pays sur les 16 concernés par les salades. « Aujourd'hui les marchés de la salade et de la soupe progressent, et entraînent le croûton. Avec nos investissements récents, j'estime que nous avons encore 4 à 5 ans avant d'entamer un nouveau cycle de croissance».
Compte tenu de la fermeture de Flodor Péronne et de la réorganisation de Vico, tous deux ex-producteurs de croûtons, Albatros restera l'un des deux seuls fabricants français avec Tipiak. Une belle bagarre en perspective.