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La viande est-elle le mauvais élève de la mondialisation ?

Observateur attentif des marchés mondiaux des viandes, Jean-Paul Simier a collaboré à la dernière édition du Cyclope. Il compare les politiques sanitaires de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Brésil.  

Il y a d’un côté la libéralisation du marché mondial des viandes, qui a fait doubler en trois ans les importations coréennes de Bœuf, représentant maintenant les trois quarts de ce qui est consommé en Corée du Sud. Il y a de l’autre côté ces maladies dont aucune viande ni aucun pays ne sont à l’abri, comme viennent de le démontrer les virus en Asie (grippe aviaire, SRAS) et l’ESB en Amérique du Nord.

La FAO considère qu’un tiers du commerce mondial des viandes, soit 18 millions de tonnes, est affecté par des maladies animales. Selon Jean-Paul Simier, directeur des études économiques à la chambre d’Agriculture de Bretagne et auteur de trente pages sur les marchés des viandes dans le dernier Cyclope Cyclope 2004, sous la direction de Philippe Chalmin. Les marchés mondiaux des matières premières, monnaies, agriculture, énergie, etc. Edition Economica. 540 pages, 100 euros., les produits animaux sont décidément les mauvais élèves de la mondialisation.

Puisque les aspects sanitaires gouvernent autant les échanges de viande que les termes des échanges, leur maîtrise devient « un facteur discriminant » entre pays producteurs. Un contraste s’est fait jour entre les politiques de prévention européenne et américaine.

L’Union des Quinze aurait englouti 90 milliards d’euros dans la crise de la vache folle, quand le lobby industriel américain rechigne à sacrifier 4 milliards de dollars dans la traçabilité des viandes (pourtant prévue dans le Farm Bill). De même, le gouvernement fédéral s’oppose à la généralisation des tests ESB (coût estimé : 1 Md $) pour répondre à la demande japonaise. Aux Etats-Unis, les farines de viande et d’os ne sont pas interdites dans les aliments des non ruminants, avec les risques de contaminations croisées que cela suppose, il n’y a pas de passeport bovin, pas de dépistage systématique de l’ESB ni d’exclusion des tissus à risque pour les bovins de moins de 30 mois.

Sésames japonais pour le Brésil ?

Et si un strict encadrement promettait à l’Europe un avantage compétitif à long terme ? La conjoncture empêche de le constater, mais il est sûr aussi que les Etats-Unis ne parviennent pas à rouvrir les portes du marché japonais du bœuf.

Le Brésil se positionne en « challenger » sur le Japon. Il est en train de négocier avec ce pays exigeant des agréments sanitaires pour le bœuf et le porc. S’il les obtient, ils lui serviront de sésames pour ouvrir d’autres portes. Il vient d’instaurer un système de traçabilité obligatoire du bœuf, « Sisbov ». Il fait des efforts pour éradiquer la maladie d’Aujeszky du porc et isoler les zones d’exportations des zones infectées.

Aidé par sa monnaie, le Brésil devrait devenir cette année le premier exportateur devant l’Australie. Il est déjà à la seconde place pour la volaille (qu’il exporte au Japon) et à la quatrième pour le porc. Il a toutefois quelques handicaps : un manque d’infrastructures, une fragilité économique qui peut décourager les investisseurs et, s’agissant du bœuf, des manifestations endémiques de fièvre aphteuse sur la frontière du Paraguay…

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