La viande chevaline surmonte les tabous
De récents chiffres sont porteurs d'espoir pour la viande chevaline. Selon le panel TNS, la consommation recule de seulement 0,1 % depuis le début de l'année. Une évolution remarquable, comparée à celle du bœuf (environ -3 %). Cette stabilité du cheval intervient après plusieurs années difficiles (-17 % en 2002, -10 % en 2003, -6 % en 2004 et -3 % en 2005). « L'autorisation en 2006 du steak haché en barquette a eu un effet bénéfique, explique Timothé Masson, à Interbev Équins. La promotion de la viande chevaline aussi.»
Preuve du bon impact de la campagne 2005, des stickers apposés sur les barquettes en grandes surfaces ont généré jusqu'à 200 appels téléphoniques par jour. Les artisans bouchers ont disposé d'une Publicité sur le lieu de vente (PLV). Leur activité chevaline s'étant marginalisée, cela a pu apporter un peu de baume au cœur.
« Les tabous liés au produit s'estompent, affirme Timothé Masson. Des dégustations ont eu lieu au Salon de l'Agriculture et les éleveurs ont participé au Salon du cheval. Au départ, on avait très peur des réactions. Elles ont finalement été très bonnes. Les réticences viennent surtout des professionnels, pas des consommateurs. » Pourtant, les arguments de vente ne manquent pas. La viande chevaline est maigre, avec une teneur en lipides de 2 à 4 %, et très riche en fer, de l'ordre de 4 à 5 mg pour 100 g.
Percer en boucherie conventionnelle
Plusieurs actions sont prévues, afin d'accroître sa présence sur le marché. Certains sont convaincus que le produit leur est interdit. Pour les persuader du contraire, l'interprofession dispose depuis le mois d'août d'une lettre de la DGAL. Les autorités y certifient que la vente est autorisée dans toutes les boucheries. Seuls 3,7 % des conventionnelles proposent du cheval, d'après les données du Centre national de gestion agréé de la boucherie et boucherie charcuterie française. Leur chiffre d'affaires additionnel est de 12 %. Interbev Équins va bientôt entamer un partenariat avec le journal La boucherie française pour attirer davantage de professionnels.
Une autre action concerne la restauration hors domicile. Seul un ou deux établissements proposent à leur carte de la viande chevaline en région parisienne. A titre de comparaison, environ 9 % du bœuf consommé en France l'est dans le secteur de la RHD. Les bouchers devraient être sollicités, afin de démarcher les brasseries. Une initiative en direction de la restauration collective est aussi envisagée, informant les chefs sur la possibilité d'utiliser du cheval et sur les endroits où le trouver.
A la fin du mois, une nouvelle campagne de pub va débuter dans les points de vente. Chez Intermarché, elle sera axée sur le steak haché, avec comme slogan « une viande si maigre qu'elle donne la frite ». 700 kits promo « nouveauté steak haché » ont été commandés. Les magasins ne distribuant pas ce type de produit ne sont pas oubliés. 1 000 kits promo générique leur sont réservés, avec un autre slogan : « autant d'énergie et pourtant si maigre ». Côtés artisans, environ 1 000 bouchers vont recevoir de la PLV. Le message est qu'ils ont la primeur du tartare.