La viande chevaline est tentée par de nouveaux débouchés
La baisse de la consommation de viande chevaline n’est pas une fatalité. Un exposé, hier à l’AG de la Fédération nationale du cheval (FNC), a mis en lumière quelques pistes de relance. La filière doit réagir. En 2004, la viande chevaline a subi un recul de 6,4 % de la consommation des ménages, à 25 300 tec. Timothé Masson, responsable de cette filière à la FNC et à Interbev Equin, a souligné l’espoir suscité par l’autorisation du steak de cheval haché sous vide au 1er janvier 2006. De nombreux fournisseurs de la grande distribution s’y intéressent et réalisent des tests. SVA Jean Rozé serait sur les rangs, d’après les rumeurs.
Par ailleurs, un projet de financement d’une étude pour l’élaboration de viande hachée sous vide ou sous atmosphère contrôlée pourrait aboutir au sein de l’interprofession. Le débouché de la restauration collective commerciale est également convoité. Un gros vide reste à combler. Seul un établissement servant de la viande chevaline est répertorié en région parisienne. La profession pense à tort que le produit est interdit et soumis à réglementation.
Côté amont, le renouveau de la production s’annonce difficile. Un manque de professionnalisme est reproché aux éleveurs. Timothé Masson les a décrits comme « amoureux du cheval, voire d’une race». « Ils ne se disent pas producteurs de viande. D’où un refus d’élever une race spécialement conçue pour la viande. Leur fierté artisanale provoque une certaine réticence envers l’amélioration technique, quitte à exclure le professionnalisme. Ils sont joueurs et mettent à la saillie dans l’espoir du champion : au mieux, ils touchent beaucoup d’argent, au pire, ils auront fait vivre leur jument. » Un cheval débourré est vendu environ 6 000 e, contre dix fois moins pour un animal vendu à l’export sur le marché de la viande.
Le cheval de trait jugé inadapté
Les quelques tentatives régionales de filière viande de poulain n’ont guère été concluantes. Celles dans le Nord, le Pays d’Oc, le Massif Central n’ont jamais décollé. En Franche-Comté, les volumes sont tombés entre 60 et 70 têtes par an, contre un objectif de 200. Selon l’étude présentée hier, l’activité naisseur à vocation viande uniquement dégage une perte de 240 euros. Celle d’engraisseur à 100 % génère une marge brute par tête de 41 euros, contre 120 euros en système bovin (estimation en 1999).
Les bouchers ne sont pas les meilleurs alliés pour relancer la filière nationale. 20 % de la viande chevaline consommée dans l’Hexagone proviendrait d’un animal de réforme français. Le cheval de trait est jugé inadapté aux attentes du consommateur, trop difficile à travailler. Faut-il proposer un autre type d’animal ? L’Ofival semble intéressé par l’étude de faisabilité d’ateliers d’engraissements d’un hybride entre quater horse et cheval lourd. Quoi qu’il en soit, les bouchers chevalins subissent une baisse de leur effectif deux fois plus rapide par rapport aux bouchers conventionnels. Ils ne seraient plus qu’un millier en France.