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La viande brésilienne se construit une image de qualité

Le «tout pour l'export» reste ancré dans la stratégie des Brésiliens. En pleine percée sur la scène internationale, ils diversifient leurs débouchés et adoptent une politique de marque.

« Après une période euphorique, les exportateurs de viande brésiliens veulent consolider leurs positions », a déclaré vendredi Anne Bernard, d’UbiFrance, l’agence française pour le développement international des entreprises. Présentant son étude sur les « Perspectives des filières viandes au Brésil : stratégie des groupes exportateurs », elle a souligné le contexte « exceptionnellement propice» des cinq dernières années. Les « Auriverde » ont profité des déboires sanitaires de leurs concurrents internationaux et de la faiblesse du real. Un nouveau record a été battu à l’exportation en 2004, avec quelque 6 milliards de dollars, comprenant 2,6 milliards en volaille et 2,5 milliards en bœuf.

« Le tout pour l’export reste bien ancré dans la stratégie des leaders,a-t-elle estimé. Mais ils sentent la nécessité d’investir dans le développement commercial local et de ne plus compter uniquement sur les marchés extérieurs». Exemple dans le secteur du porc, où une partie des investissements est destinée au marché local. Fin 2004, une campagne nationale a été lancée pour la promotion de la viande fraîche.

Les exportateurs investissent dans l’outil industriel, les produits et le marketing. « De gros efforts sont menés pour construire une image de qualité de la viande brésilienne», a relevé l’auteur. Bertin, Friboi, deux des principaux opérateurs en viande bovine, développent une stratégie de marque. La filière connaît un début d’intégration, avec l’émergence de cahiers des charges, une incitation à la segmentation des produits, à l’identification des bovins.

Pragmatisme, créativité et réactivité

D’un secteur à l’autre, l’accent est mis sur la valeur ajoutée. Tous les marchés intéressent les Brésiliens. Et notamment les nouveaux débouchés, dans un souci de diversification. L’Europe, considérée comme un marché de proximité, constitue une de leurs cibles prioritaires. L’enjeu n’est pas le volume, mais une adaptation parfaite à des segments précis comme la grande distribution. Les Etats-Unis représentent un enjeu majeur dans le domaine des viandes bovines. L’objectif est d’y pénétrer dans les trois ou quatre ans. Concernant l’Asie, la Chine fait partie des marchés potentiels prioritaires. D’intenses négociations sont menées avec le Japon et la Corée pour y écouler du bœuf. Enfin, la Russie constitue un débouché majeur pour les trois filières viande.

La mentalité des Brésiliens a aussi impressionné Anne Bernard, qui est allée les rencontrer pendant quatre semaines. Leur pragmatisme, leur créativité et leur réactivité sont autant d’atouts expliquant leur réussite. Elle a noté leur capacité à absorber les technologies appropriées, à tirer les leçons des expériences locales et étrangères. Le pays a su attirer les capitaux étrangers, y compris chinois, pour développer ses infrastructures, un de ses points faibles. Une grande ingéniosité est déployée dans le marketing, le financement, avec le capital risque en soutien de l’élevage, la technologie, par la fécondation in vitro en production bovine. De nombreuses passerelles existent entre la recherche scientifique et l’industrie. Les Brésiliens ont aussi une capacité de rebond en cas de difficulté. Ils l’ont montré dernièrement lors de l’embargo russe, qui a déclenché immédiatement l’envoi de délégations à haut niveau.

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