La vertu et les arrière-pensées
Les distributeurs vont donc s’engager dans la bataille nationale contre l’obésité et pour la promotion d’une alimentation équilibrée. Les deux premières enseignes françaises, Carrefour et Leclerc, ont présenté cette semaine de nouvelles étiquettes visant à mieux informer les consommateurs des apports nutritionnels de chacun des produits à leur marque et à les encourager à équilibrer leurs prises alimentaires. L’initiative est louable sur le fond. La lutte contre l’obésité est devenue une priorité nationale et la démarche engagée par les deux distributeurs pourrait contribuer à rééquilibrer un tant soit peu la balance en faveur des produits frais comme les fruits et légumes et la viande, dont la consommation ne cesse de baisser. On ne peut cependant s’empêcher de déplorer que le thème de l’équilibre alimentaire, au lieu de rassembler, soit utilisé comme un argument de différenciation dans la guerre que se livrent les enseignes entre elles et les distributeurs avec les grandes marques. Ce n’est évidemment pas un hasard si les deux enseignes, en très forte concurrence, ont dévoilé des programmes similaires quasi simultanément. Ce n’est pas un hasard non plus si, à travers ces deux initiatives, les deux distributeurs se livrent à une promotion bruyante de leurs marques propres et de leur politique d’enseigne. Les produits « équilibrés » des gammes Leclerc, eux, «ne sont pas réservés» aux riches, n’a pas hésité à lancer Michel-Edouard Leclerc. Suivez mon regard… Cette surenchère aura au moins un mérite : celle d’enseigner aux consommateurs quelques rudiments de diététique, une science dont, toutes les études le montrent, ils ignorent encore presque tout. Même cinq ans après le lancement du plan national nutrition-santé.