La vente à emporter a entamé sa mutation
Le premier salon de la vente à emporter s'est ouvert hier à Paris Porte de Versailles, alors que l'offre de produits alimentaires est en pleine mutation. Parmi les points saillants présentés par Bernard Boutboul, directeur du cabinet Gira Sic Conseil, on constate une explosion des circuits alimentaires alternatifs. « Ce sont des rouleaux compresseurs, avec une croissance de 6,5% en volume l'an dernier ». Ce segment, composé des boulangeries, boucheries, hypermarchés mais aussi d'enseignes inattendues (Ikea, Decathlon, BHV) représente aujourd'hui 12% du marché de la restauration hors domicile (soit 8,9 Mds Eur), « et ce n'est pas fini » assure M. Boutboul, qui observe que de nombreuses enseignes s'adjoignent des activités de restauration. Tous segments confondus, la RHD connaît une relance (après plusieurs années de faible croissance) et a représenté l'an dernier un CA de 74,53 milliards, (+3,4%) dont tout le monde veut profiter. Ce marché est en pleine fragmentation, tant sur le plan des lieux de restauration que sur l'offre. Ainsi, la gamme de prix des prestations s'effondre par le centre : 69% des repas prix en dehors du domicile sont à moins de 10 euros, et ce marché est en pleine expansion.
À l'autre extrémité, les repas gastronomiques connaissent une embellie qui ne laisse plus beaucoup de place pour les additions moyennes. « Contrairement à ce que l'on peut penser, les Etats-Unis et l'Asie ont les yeux rivés sur ce qui se passe en France » assure M.Boutboul, convaincu que les Français, qui consomment en moyenne 1 repas sur 7 hors de chez eux, n'atteindront jamais les ratios observés dans les pays anglo-saxons (1 sur 3 en Angleterre et 1 sur 2 outre-Atlantique). Pour autant, le développement de la vente à emporter mobilise les industriels et fabricants.
Si de nombreux restaurants rechignent à préparer des plats destinés à être emportés, industriels et GMS n'ont pas manqué d'exploiter ce créneau avec la mise en place de « kits prêts à l'emploi ». Les marques présentes dans le snacking et la consommation nomade sont également à la recherche de nouveaux territoires de vente. Les circuits de proximité sont prisés, mais d'autres vecteurs existent. Pour Urban Food, jeune entreprise francilienne ayant créé avec succès de la glace en tube, le lancement de soupes micro-ondables à boire de 25 cl a permis à ce produit d'être référencé dans les trains Thalys, et un format 1 litre est prévu pour les GMS. Dans les allées du salon VAE Expo, l'offre en produits liquides était particulièrement fournie. Le français Immedia, spécialisé dans les smoothies (jus de fruits pressés frais) a créé un gaspacho de tomate frais, en format 25cl.
L'univers du vin scrute également la vente à emporter, historiquement très faible en France sur ce créneau. La société Trilles (groupe Val d'Orbieu) croit à son potentiel, et vient d'investir dans une ligne de conditionnement de vin en briques Tetra Pak, alors qu'aujourd'hui l'essentiel des volumes de briques est destiné à l'export.