La traçabilité ne s’est pas encore généralisée
Sous l’exotique dénomination CE 178/2002, la réglementation européenne à venir sur la traçabilité des produits alimentaires va réserver des surprises aux entreprises du secteur. Entrant en vigueur dès le 1er janvier prochain, ce règlement stipule que la traçabilité des denrées devra dorénavant être établie à toutes les étapes de la production, de la transformation à la distribution. Si cela ne semble pas poser de problème particulier pour les grands groupes industriels qui ont déjà intégré ce type de variables, la situation s’avère plus difficile pour les PME/PMI et les TPE.
La dernière enquête réalisée par Gencod EAN France a ainsi révélé que la plupart des entreprises adhérentes, sur un total de 28 000, étaient déjà dotées d’un système de traçabilité interne (74 % des entreprises d’épicerie sèche, 64 % de celles des liquides et 74 % pour les produits frais).
Mais la situation est différente dès que l’on aborde les standards EAN, qui permettent la communication d’une entreprise à l’autre, puisque les pourcentages tombent respectivement à 30,22 et 28 %. Pierre Georget, président de Gencod EAN France, a traduit cet état de fait en déclarant hier que si les grosses unités étaient plutôt bien équipées, l’objectif reste « de faire des efforts vers les PME et TPE en 2005 ». Il y a quelques mois, la loi américaine sur le bioterrorisme avait imposé des mesures draconiennes aux importations à destination des Etats-Unis. Devant le peu d’entreprises enregistrées à temps, un délai supplémentaire avait été accordé. Il en sera peut-être de même pour la traçabilité, bien que cela reste une supposition.
Le réseau de grossiste en fruits et légumes Créno s’est lui déjà préparé à cette échéance. Un premier test au mois de juin a permis d’identifier quelques lacunes actuellement en cours de correction. « L’UNCGFL (Union nationale de commerce en gros de fruits et légumes) nous a donné des informations et a organisé des séances de formation. Associées aux documents du CNA (Conseil national de l’alimentation), cela nous a servi de base de travail en interne » explique Corinne Buret, responsable qualité chez Créno. Un kit a même été réalisé et distribué aux 50 adhérents et 70 plates-formes du réseau. « À partir de 2005, nous allons uniformiser nos méthodes» poursuit la responsable. Les retardataires pourront eux se tourner vers le salon Traçabilité 2005, qui ouvrira ses portes les 25,26 et 27 janvier au CNIT de la Défense à Paris, quelques semaines après l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne en la matière.