La suite des événements
Le projet de loi sur les OGM, qui entre en discussion le 5 février au Sénat, mettra-t-il un terme aux atermoiements français ? C’est ce qu’en attendent les organisations représentatives des producteurs de céréales, qui ont longuement pris la parole, jeudi dernier, pour justifier leur confiance dans les progrès apportés par les biotechnologies végétales et leur souhait d’en profiter. Mais en fait de progrès, on a parfois l’impression qu’en France, les OGM avancent à reculons. La réflexion sur la constitution d’une « haute autorité » (dont le dernier avatar semble avoir explosé en plein vol) ne nous replonge jamais que 20 ans en arrière, à la création de la commission du génie biomoléculaire. Quand au grand débat citoyen que le ministre de l’Agriculture nous promet, il a déjà eu lieu une bonne dizaine de fois, notamment lors de pompeux « Etats généraux de l’alimentation », en 2000. Même les protagonistes d’aujourd’hui font figure de revenants. Le rapporteur du projet de loi, Jean Bizet, était déjà l’auteur d’un rapport « pour des choix responsables » en matière de transgénèse en… 1998. Pendant ce temps, les « événements », comme l’on appelle les végétaux génétiquement transformés, ne nous ont pas attendus. Christophe Terrain, le président de l’AGPM, a évoqué la possibilité pour les Américains d’obtenir des rendements en maïs de 200 quintaux par hectare à l’horizon 2012, soit… le double des rendements moyens actuels en France. Le comble, c’est que les Etats-Unis, qui bénéficient de l’assèchement de nos capacités d’innovation dans ce domaine, s’apprêtent à obtenir des compensations financières liées aux embargos européens. Et de gagner ainsi sur les deux fronts, technologique et réglementaire.