La sécurité alimentaire, faiblesse des nouveaux entrants
Au mois de novembre, la Commission européenne avait détaillé tous les manquements qu’on pouvait observer, à des degrés plus ou moins graves, dans chacun des dix pays entrants. Les reproches étaient nombreux: normes d’hygiène déficientes dans les abattoirs ou les laiteries, lutte insuffisante contre la maladie de la vache folle ou encore contrôles vétérinaires trop laxistes. Depuis, des centaines d’entreprises ont été fermées: 586 pour la seule République tchèque ou encore 217 en Slovaquie.
Mais, six mois plus tard, le travail n’est pas fini: selon la Commission, 8% des entreprises du secteur alimentaire ne satisfont pas aux normes sanitaires de l’UE. Et encore, ces chiffres ne concernent que les entreprises de dimension industrielle et excluent les petits établissements locaux qui bénéficient de dérogations comme c’est le cas dans l’ancienne UE. La Commission a accordé des délais de grâce. Mais les entreprises qui ne sont pas aux normes ne pourront vendre leurs produits que sur leur marché national et devront mettre en place un étiquetage spécial.
La Commission argue que les Dix ont fait de gros progrès. Certains parlementaires européens ne sont pas de cet avis. « Les pays entrants n’ont pas traité la sécurité alimentaire comme une priorité, alors qu’ils savaient parfaitement ce qui les attendait», dit la députée allemande Dagmar Roth-Behrendt. La Pologne, en particulier, a accumulé les retards. Elle compte 721 des 1 006 entreprises mises à l’index par la Commission à la mi-avril.
Boucheries et laiteries deux points noirs
Les établissements à problème sont le plus souvent les abattoirs et boucheries industrielles, souvent vétustes. Ils manquent par exemple de chambres froides, ce qui accroît le risque de contamination par les salmonelles. Les laiteries sont un autre point noir, même si l’arrivée massive d’investisseurs étrangers dans ce secteur a permis une mise à niveau plus rapide. Là aussi, la Pologne est encore à la traîne. Fin janvier, 18% du lait n’était toujours pas aux normes européennes, reconnaissent les services vétérinaires polonais.
Partout, les contrôles sont encore très insuffisants. Faute d’argent, les analyses microbiologiques sont rares. Et faute de contrôles vétérinaires suffisants, la lutte contre la maladie de la vache folle (ESB) est encore trop embryonnaire. « Nous n’avons pas l’assurance que les contrôles pour l’ESB en République tchèque et en Pologne sont effectués comme ils le devraient», remarque la députée Roth-Behrendt. Prudente, l’UE a mis en place des garde-fous pour protéger son marché intérieur. Elle pourra empêcher la mise en vente dans l’UE de produits potentiellement dangereux d’une entreprise, voire d’une région ou d’un Etat donné. Mais, pour le moment, la Commission ne juge pas nécessaire d’utiliser ces clauses de sauvegarde.