La question céréalière inquiète la Méditerranée
L'explosion de la demande céréalière qui touche la zone méditerranéenne depuis un demi-siècle est loin d'être terminée, à en croire le rapport annuel du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes. La présentation du document, hier à la presse, a été axée autour des céréales, une denrée d'importance puisque la zone méditerranéenne, avec 7 % de la population mondiale, réalise 22 % des importations céréalières de la planète. À l'exception de la France, tous les pays du bassin méditerranéen sont déficitaires sur le plan céréalier. Si les côtes des pays concernées sont liées aux marchés mondiaux, l'intérieur des terres s'appauvrit de plus en plus, sans réel développement de l'agriculture, délaissée au profit des apports extérieurs. « De nombreux pays ont recours aux importations, et l'éventuelle baisse des prix mondiaux(l'un des scénarios des négociations en cours à l'OMC, ndlr) est un véritable enjeu » a estimé le secrétaire général du CIHEAM Bertrand Hervieu. Devant cette hypothèse qui renforcerait les importations, il déplore néanmoins que les regards soient presque exclusivement tournés à l'international, au détriment du développement de l'agriculture à l'échelon local. En important massivement des céréales, « les pays du Sud de la Méditerranée espèrent être récompensés en obtenant des débouchés, notamment pour leurs fruits et légumes». Mais c'est oublier un peu vite le manque d'organisation des filières, extrêmement morcelées et inadaptées aux demandes des acheteurs étrangers. Le secrétaire général du CIHEAM s'est fixé comme objectif de conduire les ministres concernés dans un véritable développement de l'agriculture « qui doit être mise au cœur des préoccupations de la zone ». Faute de quoi une trop forte dépendance aux importations porterait les germes de déstabilisation de la région, qui n'a pas besoin de cela.