Aller au contenu principal

La production polonaise dérange les légumiers bretons

La concurrence polonaise cristallise les craintes des producteurs bretons de choux-fleurs. Mais elle est loin d’être la seule raison de la crise actuelle, liée à une situation conjoncturelle de surproduction. 

Les manifestations des producteurs bretons de choux-fleurs (lire nos éditions précédentes) illustrent les craintes des producteurs français de légumes d’être confrontés à la concurrence de plus en plus vive des Tchèques, Hongrois ou Polonais qui cultivent choux-fleurs ou tomates à des coûts dix fois inférieurs à ceux pratiqués en France. En début de semaine, plusieurs centaines ont déversé sur les routes du Finistère des centaines de tonnes de choux, afin de protester contre la « concurrence déloyale» des nouveaux entrants européens. La consommation de choux-fleurs ralentit déjà en France où elle est passée de 5 kg par habitant et par an en 1982 à quelque 3 kg aujourd’hui.

Dans leur ligne de mire, la Pologne, qui augmente depuis une dizaine d’années de 20 à 30 % par an sa production de choux-fleurs dont une grande partie est livrée aux industries agroalimentaires. Bonduelle, spécialiste français du légume, a ouvert des usines à Varsovie, mais aussi en Hongrie ou en Russie (maïs et pois). « Forte d’usines modernes, la Pologne surgèle à l’automne les choux-fleurs après avoir congelé l’été les petits fruits rouges (myrtilles, mûres, fraises, framboises), spécialités du pays ramassées par une main-d’œuvre bon marché, polonaise, roumaine ou ukrainienne », explique Yvon Auffret, directeur du Cerafel Bretagne.

Gérard Roué, responsable de la communication de la Sica Bretagne, premier groupement français de producteurs de légumes, précise « qu’avec une main-d’œuvre payée entre 1 et 1,50 e de l’heure contre 12 e en France, les Polonais produisent du chou-fleur à des prix dérisoires ».

Des concurrents sur le marché allemand

« Ils ont déjà inondé de ce légume l’Allemagne qui était notre premier client (la moitié de la production bretonne était exportée Outre-Rhin), mais ils ne vont pas en rester là », s’alarme-t-il. « À terme, nous pensons que les Hongrois qui, depuis 3 ans, cultivent dans leurs terrains sablonneux, asperges, poivrons ou tomates, seront les plus dangereux pour notre secteur maraîcher », ajoute-t-il. Les pays de l’Est ne sont pas seuls responsables de la crise à laquelle sont confrontés les producteurs de choux-fleurs.

Ainsi, en France, la récolte d’automne (septembre à fin décembre), en retard de plus d’un mois, s’est télescopée avec celle d’hiver (janvier à mai) qui est arrivée à maturation plus tôt que prévu en raison d’une température hivernale douce en Europe. « L’offre a été abondante ces dernières semaines, alors que la consommation de choux-fleurs fléchissait, les Français boudant dès les premiers beaux jours ce légume d’hiver. Le prix au kg payé au producteur est passé de 50 centimes en 2003 à 23 cette année », indique la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) qui évalue de 30 à 40 centimes par kg le coût de production de ce légume. Plus de 13 millions de têtes ont été retirés de la vente depuis début janvier faute d’achats industriels, expliquent les professionnels.

« En augmentant récemment ses surfaces de choux-fleurs, la Grande-Bretagne (300 000 tonnes par an) qui, avec l’Italie (700 000 t/ an), la France (500 000 t/an) et l’Espagne (400 000 t/an), est l’un des principaux producteurs européens de ce légume, a également contribué à l’embouteillage du marché », constate M. Auffret.

Afin de désamorcer la crise, les producteurs réclament des aides à l’État pour un montant de 8 Me. Les aides forfaitaires de gestion des marchés ont été supprimées par la France pour se mettre en conformité avec les directives européennes.

Les plus lus

drapeau turc
Bovins : la Turquie continue sa décapitalisation, l’Europe en profite peu

Alors que les abattages de bovins continuent de progresser en Turquie faute de rentabilité de l’élevage allaitant et laitier,…

Gilles Huttepain, Vice-président de l'interprofession Anvol
Le poulet chinois s’impose en Europe, la volaille française alerte

La filière poulet française s’inquiète d’un afflux inédit en provenance de Chine, qui dégage ses surplus de filets de poulet…

douanier chinois devant un ordinateur
Viande bovine : la Chine enquête toujours sur ses importations et pourrait les limiter

Les résultats de l’enquête chinoise sur les perturbations de son marché intérieur de la viande bovine par les importations ne…

poules rousses en cage dans un élevage
Interdiction des poules en cage : « c’est le bon moment pour agir »

Des députés français demandent la Commission européenne d’inscrire l’interdiction de l’élevage de poules pondeuses en cage…

un graphique avec une courbe à la hausse, sur fond de grains de blé
Les prix des principales céréales progressent entre le 17 et le 24 novembre

Comment ont évolué les prix des céréales ces 7 derniers jours ? Les journalistes de la Dépêche-Le Petit Meunier vous…

Graphique cours du porc au MPF
Le prix du porc sous les 1,5 €/kg à Plérin, l’Allemagne perd 10 centimes

Le marché du porc européen repart sur une nouvelle baisse généralisée cette semaine. En France, le prix du porc reste en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio