La pêche française pour un « écolabel »
«Mettre en place un écolabel des produits de la pêche» : cette mesure consensuelle, certes peu relayée dans la presse, fait partie des propositions émises par le groupe de travail 4 du Grenelle de l'environnement. L'idée n'est pas neuve. Dès juin 2005, la Commission européenne a lancé une consultation des professionnels sur le sujet. Face à l'émergence de certains labels privés comme MSC et la volonté des distributeurs de proposer du poisson issu de pêche responsable, la filière française s'est plus récemment emparée du sujet. L'Ofimer et le pôle filière produits aquatiques co-pilotent une étude de faisabilité de «la mise en place d'un écolabel dans la filière des produits de la pêche maritime» dont les premiers résultats ont été présentés le 19 septembre dernier au comité de suivi du projet. Le cabinet Bureau Véritas a ainsi donné un aperçu des premières réponses (45 au total) au questionnaire diffusé début août à la filière. Un premier résultat qui montre le fort intérêt des acteurs pour l'écolabellisation.
100% des GMS intéressées
90% des interrogés déclarent connaître des démarches ou des écolabels «pêche durable et/ou responsable», le MSC et les démarches privées de la grande distribution ou des transformateurs étant les plus connues. Ils sont encore plus nombreux (95%) à penser que ce type de démarche intéresse les consommateurs français, même s'ils expriment des doutes sur leur consentement à payer plus cher pour des produits écolabellisés.
Autre résultat édifiant : 100% des distributeurs interrogés (4 ont déjà répondu), 31% des transformateurs et 14% des mareyeurs (contre seulement 12,5% pour les producteurs) déclarent avoir une démarche pêche responsable ou durable en cours. Globalement 86% des organisations interrogées sont au moins au stade de réflexion et 70% souhaitent voir cette démarche certifiée par un organisme tiers pour la crédibiliser. Les acteurs de la filière attendent d'abord d'un écolabel une action à long terme sur la pérennité de la ressource, mais aussi une répercussion sur l'image de la filière, confrontée au lobbying intense des ONG.
45% des interrogés estiment néanmoins que le coût peut être un frein à la mise en place d'une telle démarche et 36% anticipent des difficultés liées à l'organisation de la filière. Si la majorité des acteurs pensent qu'il est nécessaire de fixer un cadre réglementaire européen, les avis sont partagés sur la question d'un logo unique. Alors que l'aval penche pour cette solution, plus claire pour le consommateur, certains producteurs et structures qualité mettent en avant l'«échec» de ce système pour certains signes officiels de qualité (IGP, AOP).
Après cette phase de consultation, une grille de critères et la méthodologie d'éco-certification seront testées sur deux pêcheries françaises : la pêcherie hauturière du lieu noir et une des 4 pêcheries côtières suivantes (langoustine du Golfe, sardine de bolinche, coquille St Jacques de des Baies de St Brieuc ou de Seine).