La peau de lapin a porté chance à Multilap
Sur les bottes de trappeur, les blousons à col de zibeline et les chapkas, la fourrure de lapin s'impose cet hiver, à la grande satisfaction de la société Multilap, troisième abatteur de lapins français devenu le plus gros trader européen en peaux de lapin. La filiale du groupe coopératif Terrena a eu le mérite d'offrir « le bon produit au bon moment», se félicite son directeur, Eric Viaud. Le « bon produit » est la peau congelée, que les tanneurs espagnols et chinois préfèrent à la traditionnelle peau séchée. L'abattoir Multilap des Herbiers (Vendée) a été le pionnier, en 2002, du bloc congelé de 25 peaux de lapin. L'inertie thermique du produit demande un savoir-faire particulier.
Après Les Herbiers, le deuxième site de Multilap du Maine-et-Loire a été équipé d'un tunnel de congélation dédié aux peaux. La découpe est soignée car elle se fait manuellement lors du dépeçage ; c'est un critère de qualité qui renforce la notoriété de l'abatteur.
Le « bon moment » dont l'entreprise profite est la mode de la fourrure en Europe ; à un degré moindre la régression de la production en Chine suscitée par la perte du débouché européen en viande de lapin. Légère, souple et se prêtant à toutes les imitations, la peau de lapin est aussi « politiquement correcte » puisque c'est un co-produit de la viande, explique Robert Ameteau, directeur de Covico, négoce charentais en cuirs et peaux. Son commerce a été décuplé ces trois dernières années et son prix a sensiblement augmenté, témoigne-t-il, au risque de « tuer la poule aux œufs d'or ».
En attendant, Multilap exporte directement en Chine grâce à une commerciale franco-chinoise arrivée l'an dernier dans la société. Un commerce dont Eric Viaud refuse se divulguer la part dans les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires de l'entreprise (pour 5 millions de lapins abattus annuellement) mais qui est « source de rentabilité forte». Il s'inscrit, explique-t-il, dans une politique d'élimination totale des déchets par la valorisation des co-produits. Un lapin de 2,4 kg ne donne que 1,4 kg de carcasse. Le reste coûte 1 000 euros de la tonne s'il n'est pas valorisé. Multilap a trouvé des solutions dans la peau de lapin de qualité et le compost.