«La norme phosphore va favoriser l'agrandissement»
La FDSEA du Finistère proteste contre de nouvelles contraintes environnementales, limitant l'épandage de phosphore à 100 kg/ha au lieu d'un plafond de 150 kg/ha accepté par les professionnels agricoles. Explications du président Thierry Merret.
LM : Que critiquez-vous dans l'arrêté modifié du «Programme d'action n°3», qui fait suite à la directive nitrate européenne ?
Thierry Merret : Il devait seulement concerner la restructuration externe des élevages, les prescriptions sur les installations classées et la conditionnalité de la Pac. Au final, l'administration ajoute de nouvelles normes environnementales. Les agriculteurs ne comprennent pas, qu'au niveau national, on leur annonce qu'aucune contrainte supplémentaire ne sera imposée aux agriculteurs, alors qu'au niveau régional et départemental, on leur impose de façon autoritaire de nouvelles normes, notamment en ce qui concerne le phosphore. A ce sujet, il y a un décalage total entre les collectivités locales, qui déversent directement leur phosphore dans l'eau et ont sept ans pour se mettre aux normes, et les paysans, qui se voient imposer de nouvelles contraintes présentant des surcoûts immédiats et insurmontables.
LM : Quelles en seront les conséquences ?
Thierry Merret :Cela favorisera la concentration de l'élevage. Seuls les grands ateliers peuvent supporter des investissements pour traiter le phosphore. Les élevages de porcs devront faire l'achat d'une centrifugeuse. Ils n'auront pas la capacité de l'amortir à moins de continuer à s'agrandir. Un plafond d'épandage de phosphore à 150 kg/ha serait plus raisonnable que les 100 actuellement décidés de façon arbitraire par l'administration, sans argument scientifique. Prenons l'exemple des effluents de volaille. Leur rapport azote sur phosphore est voisin de un. Conséquence, il faudra épandre un complément d'azote minéral. Les agriculteurs utilisent la capacité naturelle des sols à retenir le phosphore et font de gros efforts environnementaux (bandes enherbées, construction des talus, couverts végétaux, mise aux normes des sites).
LM : La qualité de l'eau s'améliore-t-elle en Bretagne ?
Thierry Merret : Une récente étude du ministère de la santé montre, qu'en Bretagne, la proportion de la population ayant reçu de l'eau dont la qualité était non conforme, une fois ou plus vis-à-vis des nitrates, est descendue de 13,3% en 1999, à 4,4% en 2001 puis à 1,3% en 2004. Mais, les nouvelles contraintes qui se profilent pour les éleveurs entraîneront un retard dans la résorption des nitrates.