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La moisson n’en finit pas de se terminer en Nord-Picardie

Le blé n’a toujours pas été récolté dans certaines zones de la région. D’où quelques tensions économiques sur fond de grande irrégularité attendue dans la qualité des blés.

De 35 à 40% des surfaces céréalières situées sur une zone comprenant une large frange maritime du département de la Somme et débordant sur une partie des départements du Pas-de-Calais, de la Seine-Maritime de l’Oise, restaient encore à battre au 29 août. La surface équivaut à environ 30 000 ha de blé (11% de la sole). La situation est identique dans certaines zones de la Seine-Maritime, ainsi qu’en Flandre intérieure, dans le département du Nord. Elle est plus inquiétante encore dans le département du Pas-de-Calais, notamment dans la zone qui s’étend de Boulogne à Saint-Pol-sur-Ternoise. C’est à priori la partie du département la plus touchée par les averses du mois d’août (parfois plus de 200 mm d’eau) et qui vient de demander le classement de l’ensemble de son territoire en « calamités agricoles » et « catastrophes naturelles ». Une commission d’enquête devait en apprécier l’ampleur sur le terrain hier, le 31 août.

Selon différentes estimations, il restait encore 25% des céréales du Nord-Pas-de-Calais à rentrer au 29 août :150 000 tonnes pour la coopérative Unéal (10 à 15% des blés collectés), 20 000 tonnes pour la coopérative dunkerquoise « La Flandre » (12%). Quant au groupe Carré, principal négociant de la région, il lui reste 10 à 12 000 tonnes de blé à rentrer, soit 10% de sa collecte.

Une telle situation provoque découragements et tensions sur le terrain, mettant parfois à mal la nécessaire solidarité entre ceux qui ont réalisé l’une de leurs meilleures moissons des six dernières années et ceux qui doivent encore récolter la majorité de leurs céréales…

Ne pas céder à la panique

Devant une telle situation, les organismes-stockeurs (OS) veulent garder la tête froide et incitent l’amont à ne pas céder à la panique. La majeure partie des blés s’est collectée dans d’excellentes conditions : au 31 juillet, le rendement moyen se situait entre 85-90 quintaux/ha. Quant aux critères qualitatifs (Protéines, Hagberg, PS), ils avaient rarement atteint de tels niveaux, le taux de protéines dépassant souvent les 12%!

Coopératives et négociants ont d’ailleurs le marché avec eux. « Le rendu Rouen se négocie actuellement aux alentours de 135-136 euros la tonne et le marché du blé fourrager est situé sur le marché intérieur à 2 à 3 euros de moins pour des blés comportant moins de 2 à 5% de germés », note Jacques Sion, du groupe Carré.

« Le marché tire car la plupart des opérateurs, au vu des informations de fin de campagne, n’ont pas pris la précaution de se couvrir à 6 ou 9 mois et manquent aujourd’hui de marchandises », explique de son côté Didier Vereecke, le directeur de la Flandre. Il tire d’autant plus que les récoltes à l’Est de l’Europe sont décevantes (Ukraine, Allemagne, Tchéquie…).

« Il existe aujourd’hui, (mais pour combien de temps encore ?) des marchés pour du blé germé, à condition qu’il soit séché et nettoyé», soulignent les OS de la région, qui craignent néanmoins de voir arriver un flux massif de céréales dans leurs silos dès les premiers rayons du soleil.

La crainte des mycotoxines

« Car il faudra sécher des blés dont les taux d’humidité tourneront autour des 20 à 22%, voire plus ! Pour ne pas en détériorer la qualité, on ne disposera que de 48 heures », font remarquer les organismes-stockeurs. La totalité de leurs capacités de séchage réunies ne suffiront pas à absorber les quantités de grains à sécher ! Sans compter les conséquences logistiques (rupture de charges, transfert de silos et reprises) auxquelles les OS seront confrontés et qui pénaliseront les livreurs.

Les OS incitent les producteurs à ne pas moissonner au dessus de 19% d’humidité. Le 28 août, une réunion de crise organisée à Amiens allait jusqu’à envisager le séchage des céréales dans les Sica de déshydratation de pulpes de betteraves….

Car plus que les débouchés des blés de cette deuxième partie de campagne, c’est bien la question du taux de mycotoxines favorisé par de mauvaises conditions de stockage de céréales humides qui pourrait contrarier certains débouchés.

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