La menace de La Niña se profile sur le marché
La Niña, qui arrive tous les deux à sept ans, n'est pas encore une certitude, loin de là. Mais les météorologues estiment qu'il y a désormais 50 % de chance de la voir se manifester. Les prévisions devraient être plus précises d'ici un mois ce qui permettra de mieux appréhender l'effet éventuel sur les récoltes, très différent selon que La Niña advient au moment des semis ou des moissons. Aux États Unis, on se souvient encore des dommages causés lors du dernier épisode, au début des années 2010. Les prix du soja avaient grimpé de 39 %. L'Indonésie, premier producteur mondial d'huile de palme, est sur le qui-vive. D'ores et déjà, les dégâts causés par El Niño devraient faire baisser la production mondiale de l'huile végétale la plus consommée sur terre de plus de 2 millions de tonnes. La Niña pourrait la faire reculer davantage.
Pour l'heure, le temps est au beau fixe sur la planète soja. Au Brésil, on attend toujours une récolte record même si les pluies retardent les travaux. Dans les ports, malgré les délais impor-tants, la situation tend à se normaliser et les chargements s'intensifient. Les désordres sociaux et politiques actuels n'ont pour l'instant guère de conséquences sur les transports. En Argentine, où le climat plus sec est favorable aux cultures, la récolte approche et les engagements des producteurs sont dopés par la nouvelle politique fiscale mise en place par le président Macri. Les prix américains restent bien orientés à la faveur des achats chinois, ils suivent peu ou prou ceux du pétrole, en hausse la semaine dernière et qui se stabilisent cette semaine.
Le colza retrouve des couleursL'évolution des cours du colza s'est faite dans le sillage de celle du soja. Une grosse fermeté la semaine dernière et un retour au calme en ce début de semaine alors que le pétrole s'effrite légèrement. Les fondamentaux demeurent difficiles pour la graine alors que FranceAgriMer prévoit un important stock de report pour la fin de la campagne. Les cultures continuent à se développer de façon satisfaisante et mar-quent une belle avance sur la campagne dernière. L'annonce la semaine dernière par Cargill de la fermeture de son usine de trituration de Mainz en Allemagne est une mauvaise nouvelle pour les graines de l'est de la France qui y trouvaient sur les deux dernières campagnes un débouché de l'ordre de 450 000 tonnes. En revanche, les semis en Ukraine, en retrait, qui devraient conduire à une récolte de 1,3 million de tonnes contre 1,7 million de tonnes sur la campagne qui s'achève, sont un point positif. En huit jours, le fob Moselle gagne 5 euros la tonne à 353 euros la tonne. Paul Varnet