La loi anti-tabac n’a pas nui à la santé des CHR
Un mois et demi après l'entrée en application de l'interdiction de fumer dans les bars, hôtels, cafés et restaurants, l'impact s'avère «faible, contrasté et prometteur», selon Serge Vendemini, professeur des universités à Paris II, auteur d'une enquête rendue publique hier à Paris. Selon un panel représentatif d'établissements ayant une licence (bars, restaurants, cafés, brasseries), le mois de janvier 2008 aurait enregistré une baisse moyenne de la fréquentation de 6%, de 5% du chiffre d'affaires et une hausse de 1% du ticket moyen par rapport à l'année précédente. Compte tenu du contexte économique morose, seule 3% de baisse de fréquentation dans les établissements serait due à l'interdiction de fumer.
«A Paris, l'impact est quasi nul, l'interdiction de fumer serait même plutôt une aubaine», analyse Serge Vendemini. En revanche, «les zones rurales les plus isolées souffrent le plus», ajoute-t-il. Selon la confédération des buralistes, les petits débitants de tabac connaîtraient des baisses de 20% de consommation. L'économiste parle plus d'une baisse de 9%. Et les deux mois qui viennent risquent d'être encore difficiles.
Effet « trou d'air »
Après «l'effet aubaine» du mois de janvier et le retour d'une certaine clientèle dans les cafés, à l'instar d'autres pays ayant mis en application l'interdiction de fumer, la France devrait connaître «un phénomène de trou d'air». «Dès avril, si les établissements sont audacieux et imaginatifs, avec une offre enrichie et de nouveaux attraits, ça devrait repartir», ajoute Serge Vendemini.
L'Institut pour le développement des cafés et cafés-brasseries (IDCCB) prépare pour le 15 mars un recueil de 100 idées pour aider les professionnels à redynamiser leur offre. Il y sera notamment question de nourriture, confort et offre spécifique pour les enfants. Le Synhorcat et l'Umih demandent en parallèle à l'Etat d'aider les établissements qui souffrent le plus de l'interdiction de fumer, par des prêts bonifiés par exemple. En revanche, pas question pour ces deux syndicats d'aménager la loi et de créer des exceptions comme le souhaite la confédération des buralistes.
Celui-ci est le seul syndicat à avoir refusé de participer au groupe de travail missionné par le ministère de santé sur la mise en œuvre de l'interdiction de fumer et présidé par le cardiologue Yves Martinet. Le groupe de travail s'oppose aussi à la proposition de loi d'aménagement de la réglementation anti-tabac pour les cafés, hôtels et restaurants, déposé le 15 janvier par le député UMP du Vaucluse Jean-Michel Ferrand. «Nous étions contre l'interdiction autoritaire. Mais maintenant que le décret est passé, on l'applique. Les professionnels doivent mettre leurs salariés à l'abri du tabagisme passif, sinon ils pourront être attaqués», résume André Daguin, président de l'UMIH.