La justice réhabilite les huîtres d’Arcachon
La filière attendait cette nouvelle depuis de longues semaines. Selon le sous-préfet d’Arcachon Philippe Ramon, le parquet général de Bordeaux a clos l’enquête concernant les deux décès suspects intervenus à Arcachon en septembre dernier, concluant que la consommation d’huîtres n’était pas en cause.
Le 6 septembre, deux informations judiciaires ont été ouvertes dans ce dossier. Elles avaient fait grand bruit dans les médias nationaux. Alors que les huîtres du bassin étaient déjà interdites à la vente depuis 31 août, le ministère de l’Agriculture a diffusé un communiqué précisant le décès de deux personnes ayant consommé ce produit. Le 8 septembre, le doute a été levé sur la première victime, et la vente des huîtres a été à nouveau autorisée le 14 septembre. La profession est restée depuis lors dans l’attente des résultats de la seconde autopsie, mais les ventes n’ont pas attendu le dénouement pour accuser le coup : - 30 % au détail, et jusqu’à – 80 % en GMS. La crise a été immédiate pour les quelque 350 entreprises ostréicoles du secteur.
Deux mois plus tard, on vient d’apprendre que le touriste a finalement été victime d’une intoxication médicamenteuse. Les huîtres sont donc hors de cause mais chez les ostréiculteurs, la pilule a du mal à passer. Marc Duard, président de la section régionale conchylicole, en a appelé samedi à la solidarité des consommateurs et assure ne pas vouloir en rester là. Il demande des excuses publiques, un dédommagement « à hauteur d’une année de chiffre d’affaires de la filière » et l’ouverture d’une enquête pour déterminer qui a lancé ces informations sur les deux décès. Les ostréiculteurs annoncent d’ailleurs par la voix de leur avocat qu’ils déposeront en début de semaine une plainte contre X pour « diffusion de fausses informations ».
Les responsabilités en question
Le vice-président PS du conseil régional d’Aquitaine, Marc Druard, dit comprendre la démarche des producteurs mais préfère demander l’ouverture d’une commission d’enquête pour éclaircir l’affaire. Il dénonce notamment la procédure d’annonce des décès, qui a pris la forme d’un communiqué de presse des ministères de la santé et de l’agriculture ce qui est inhabituel en matière sanitaire. « Nous voulons savoir s’il y a des responsabilités au plus haut niveau de l’État. On nous a accusés sans preuve. J’attendrai d’avoir des preuves pour accuser », a tonné M. Druart, qui est également maire du Teich, une commune du bassin d’Arcachon.
Visé par ces attaques, Dominique Bussereau a réagi lundi matin dans les colonnes de Sud-Ouest. Tout en regrettant la « tentative de récupération politique», le ministre ouvre la voie au financement d’un dispositif promotionnel pour les huîtres arcachonnaises mais estime qu’il n’y a « pas de dommages et intérêt à envisager ». La production d’huîtres sur le bassin d’Arcachon oscille entre 8 000 et 10 000 T par an. On estime que l’activité engendre un millier d’emplois directs.