La guerre des étiquettes
« L’enquête » publiée mardi par 60 millions de consommateurs a continué de créer des remous hier chez les syndicats représentatifs de la filière alimentaire et dans la classe politique. Le président de la République a ainsi promis hier, lors d’un déplacement dans l’Allier, de « porter le fer » contre la hausse des prix. « Je vois bien que le prix des denrées alimentaires a augmenté. Je ne comprends pas, le prix qu’on verse aux producteurs de porcs diminue et le prix du jambon explose », a-t-il dit. Dans un communiqué publié hier, la fédération nationale porcine avait pris note « avec étonnement » de « la hausse des prix du jambon de 44 % révélée par l’INC » et rappelé « que les éleveurs de porcs subissent une crise sans précédent depuis un an. » L’écho donné à cette enquête et l’ampleur des réactions qu’elle a suscitées dans le gouvernement semblent plus provoqués par l’impact politique très négatif d’une telle annonce sur l’opinion à la veille des municipales que par ce qu’elle révèle vraiment. Car l’enquête en elle-même ne fait que confirmer un phénomène de hausse que tous les observatoires, publics et privés, à la méthodologie bien moins contestable, ont constaté et que le gouvernement connaît. Le cabinet Nielsen Panel montrait il y a quelques jours une augmentation globale des prix dans les magasins physiques en janvier (+2,39%), pour le quatrième mois consécutif, avec des hausses d’environ 10 % pour les pâtes, les œufs et le lait, bien plus proches de la réalité. Quant aux hausses de plus de 40 % relevées sur le jambon et le yaourt annoncées avec fracas, ils sont largement en trompe-l’œil. Ils concernent une référence dans un magasin à un moment donné, ont eu beau jeu de répondre les industriels et distributeurs mis en cause. En fait de hausse, c’est surtout la température du gouvernement qui est montée d’un cran.