La guerre de l’œuf fait des victimes
La guerre des prix fait des ravages dans le secteur de l’œuf. Depuis quelques mois, les défaillances d’entreprises se sont multipliées à tel point que le Syndicat national des industriels et des professionnels de l’œuf (Snipo) a cru nécessaire d’appeller à la sagesse. La liste des victimes s’est en effet allongée. Le groupe Carlier (Matines), premier groupe privé français du secteur, vient d’être placé sous gestion de mandataire ad hoc. En début d’année, La Ville Poissin (AA, marque Œuf de nos Villages) a dû cesser son activité en GMS. Trégor Oeuf (Appro Lustucru) a arrêté son activité. La société Lignier (Appro Lustucru) a été contrainte de réorganiser la sienne. Initialement tournée vers les GMS, elle s’est spécialisée dans le conditionnement d’œufs alternatifs. L’Oeuf Landais (Appro Lustucru) a lui été vendu à Ovalis (LDC), suite à des difficultés financières.
«Il devient urgent de revaloriser les prix de vente en grande distribution, avant que la moitié des opérateurs ne disparaisse» a indiqué aux Marchés Philippe Domet, le président du Syndicat National des Industries des produits d’œufs (Snipo). «A la défaillance des uns s’ajoute l’affaiblissement financier des autres. Cela a des répercussions sur l’ensemble de la filière», poursuit-il.
«Une course à la baisse des prix injustifiée»
Philippe Domet lie les difficultés actuelles à l’augmentation du prix de revient de l’œuf. Une hausse de 20% du coût de l’aliment est en effet intervenue en début d’année, suite à la flambée des cours des céréales.
«Cette course à la baisse des prix est injustifiée», commente Christian Marinov, le directeur du CNPO, l’interprofession de l’œuf, qui se dit également «très préoccupé» par la situation actuelle. «La production est en diminution régulière. Les producteurs ont fait les efforts qu’il fallait pour équilibrer le marché», assure-t-il. Pris en étau entre la hausse des coûts de production et la baisse des prix en aval, les aviculteurs passent cette année des fêtes de Pâques peu réjouissantes.
(*) Composé d’une cinquantaine de centres de conditionnement et de casseries, le Snipo pèse 70 % du marché de l’œuf.