La Grande-Bretagne peine à éradiquer la fièvre aphteuse
La réapparition de la fièvre aphteuse est un « coup de massue » pour le secteur britannique de l'élevage, a estimé hier le ministre britannique de l'Environnement, Hilary Benn. Dans un entretien à la BBC, il a fait part de sa « perplexité » face au fait que le nouveau foyer a été découvert « plus de trente jours après le dernier cas confirmé », tandis que la période d'incubation est de deux à quatorze jours. La souche du virus de la maladie est la même que celle à l'origine d'un foyer en août dans la même région, selon les premiers résultats d'analyses.
Les bovins de la nouvelle ferme contaminée dans le Surrey, ainsi que ceux d'une exploitation voisine, ont été abattus et le gouvernement a décrété une interdiction de déplacement du bétail (bovins, porcins et ovins) dans l'ensemble de la Grande-Bretagne. Les mouvements vers les abattoirs restent toutefois autorisés sous condition. Des suspicions de contamination portent également sur un porc d'une exploitation située à plusieurs centaines de km de là, dans la région de Norfolk. Les résultats d'analyses sur l'animal étaient attendus hier.
En France, un recensement de toutes les importations de bovins, ovins, caprins ou porcins en provenance du Royaume-Uni depuis le 22 août est en cours. Le ministère de l'Agriculture demande « aux professionnels de l'élevage de maintenir un haut degré de vigilance vis-à-vis de tout signe clinique suspect ». Le dispositif en place sera régulièrement adapté en fonction de l'évolution de la situation outre-Manche. Une réunion doit avoir lieu ce matin avec les professionnels.
L'UE a rétabli mercredi l'embargo sur toutes les exportations de viande britannique. Cette mesure « d'urgence » sera en vigueur jusqu'au 15 octobre, a précisé Bruxelles dans un communiqué. Toute la Grande-Bretagne a été classée en « zone à haut risque », interdisant toute exportation de bétail vivant et de produits animaux. La décision concerne les bovins, ovins, porcins et caprins. L'Irlande du Nord n'est pas concernée et peut librement exporter vers l'UE, à condition de présenter des certificats adéquats. Seuls les produits animaux traités de manière à inactiver le virus par la chaleur, avant l'annonce de ces restrictions, pourront être exportés. A condition toutefois qu'ils ne se trouvent pas dans la zone de surveillance de dix kilomètres installée autour du nouveau foyer découvert mercredi. La Commission européenne précise par ailleurs que le bétail vivant en provenance d'autres pays de l'UE ne peut être introduit en Grande-Bretagne. Elle indique qu'elle « restera en contact étroit avec les autorités britanniques » pour surveiller l'évolution de la situation sanitaire en Grande-Bretagne dans les prochains jours.
Négligences
La Commission avait décidé d'une mesure de précaution similaire, le 6 août, après la découverte du virus également dans le Surrey. Le nouveau site, où le virus a été détecté mercredi, est proche des deux premiers élevages touchés début août. Il est aussi situé à 15 kilomètres d'un pôle scientifique habilité à manipuler le virus de la fièvre aphteuse. Or ce pôle serait à l'origine de l'apparition des deux cas de début août, jugent les experts. Un rapport de l'Agence de veille sanitaire (HSE) britannique a récemment identifié une série de négligences survenues sur ce site : un conduit fuyait, le système d'évacuation des eaux de pluie était inadéquat et le contrôle des personnes et véhicules était défaillant.