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« La France restera un pays qui compte en production animale »

In-Vivo attend l’aval de la DGCCRF avant de lancer son OPA sur le spécialiste de la nutrition animale Evialis. Son directeur général Jean Myotte explique les causes et les conséquences de cette opération.

Les Marchés : L’annonce de votre rachat d’Evialis fut une surprise, alors que vous détailliez au même moment des restructurations au sein de votre filiale nutrition animale Inzo (LM du 27 mars) ?

Jean Myotte : Il n’y a aucune relation entre ces deux décisions. D’une part, le processus de restructuration d’Inzo était nécessaire et nous le conduisons actuellement dans les conditions que nous avions envisagées dans le cadre d’un PSE signé par tous les syndicats. D’autre part, nous savions depuis longtemps, comme tout le monde, que BNP Paribas souhaitait se désengager d’Evialis avec une baisse de sa participation à moins de 50 % il y a un an. Puis, ils ont accéléré le processus en passant de 44% à 38 % il y a un mois. Or, 38 % constituent un signal fort, très proche du seuil de 33,4 %, et le conseil d’administration d’In Vivo a décidé à l’unanimité de faire cette offre de rachat.

Les Marchés : A quelle date le rachat sera-t-il effectif ?

Jean Myotte : Nous ne connaissons pas précisément la date de la finalisation de l’offre puisque nous avons déposé notre dossier à la DGCCRF. Nous attendons sa notification. Puis le délai légal est de cinq semaines après accusation de réception du dossier complet par la DGCCRF. Ce n’est qu’à cette issue que nous pourrons lancer une offre publique d’achat à laquelle notre taux de participation nous oblige et c’est ensuite le marché qui appréciera notre offre. Je souhaite conserver ce levier de développement que constitue la cotation en bourse d’Evialis.

Notre motivation au rachat porte sur un certain nombre de similitudes des deux entreprises face au marché de l’alimentation animale, notamment l’importance d’une recherche et développement forte, et sur leurs complémentarités, que ce soit sur le marché national, puisque Inzo, en tant que firme service, est plus en amont, comme au niveau international. Il est impossible de garder une R & D forte sans un budget significatif qu’il n’est possible d’amortir que sur un marché large, donc international. Nous envisageons de rechercher toutes les synergies possibles, afin d’optimiser la recherche pour accélérer et accroître le processus d’innovation.

Les Marchés : Evialis est partie prenante aux côtés d’Unicopa dans Nutréa en Bretagne. Comment les relations entre vous et cette coopérative peuvent-elles se gérer ?

Jean Myotte : Il faut d’abord rappeler qu’Evialis est minoritaire dans Nutréa avec 34 % des parts. J’aurais l’occasion de rencontrer les dirigeants d’Unicopa, que je connais déjà, pour discuter de cela, mais il n’y a aucune raison pour que notre arrivée dans Evialis pose le moindre problème.

Les Marchés : Et les éleveurs ? La constitution de ce nouveau groupe va-t-il réduire la concurrence ?

Jean Myotte : Je ne suis pas inquiet de ce côté-là, les éleveurs choisissent d’abord leur partenaire fabricant d’aliments pour son efficacité plus que pour sa nature économique coopérative ou privée. Rien ne changera non plus entre les coopératives qui incorporent les produits Inzo et les usines Evialis.

Les Marchés : Vous n’envisagez donc pas de restructuration ?

JM :Nous n’avons rien de prévu aujourd’hui. Il faut prendre le temps de bien connaître les entreprises et de trouver des projets communs. Nous chercherons avant tout à conduire des actions créatrices de valeurs communes pour les acteurs. Les éleveurs ont tout intérêt à avoir face à eux des entreprises solides aptes à gérer les fluctuations des marchés.

Les Marchés : Vous êtes donc optimiste quant à l’avenir des productions animales en France ?

Jean Myotte : Effectivement, je suis optimiste. La France demeurera un pays qui compte en productions animales. Elle dispose d’atouts pour rester un acteur important, tant dans ses savoir-faire que dans ses disponibilités en matières premières dont les matières premières énergétiques et aujourd’hui protéiques avec le développement des biocarburants. Et cela, même si elle est en léger retrait dans une tendance qui devrait se poursuivre et dans des contours internationaux qui se redessinent.

Pour moi, il est important que nous disposions de la capacité d’apporter aux fabricants d’aliments pour animaux et aux éleveurs une recherche innovante et différenciante. C’est d’ailleurs ce que font les grands groupes internationaux comme Provimi et Nutreco qui amortissent leur recherche au niveau international. Avec nous, ce sont les éleveurs français qui en bénéficieront les premiers.

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