La France, à la pointe de la recherche avicole
Avec 456 spécialistes venus de 53 pays, le 16 e congrès européen de la WPSA (World Poutry Science Association), consacré à la nutrition de la volaille, a fait le plein à Strasbourg du 25 au 30 août. Avec une centaine de participants, la France affiche la première participation, aux côtés de l’Australie, du Brésil, de l’Indonésie, de la Jordanie ou encore de la Corée. Pour le Dr David Ledoux, professeur du département des sciences animales à l’Université du Missouri (Colombia -USA), ce congrès bisannuel représente une formidable occasion de savoir ce qui va arriver sur le marché américain dans les 5 prochaines années. « Ici, vous avez à faire face à bien plus de contraintes que nous, que ce soit dans les produits autorisés, sur l’environnement ou le bien-être animal. C’est intéressant de voir ce que la recherche propose pour s’adapter ». Pour Michel Lessire, chercheur à l’Inra de Tours et président du Comité d’Organisation : « le congrès n’était pas venu en France depuis plus de vingt ans. Cette organisation reflète l’importance et le dynamisme de la recherche et de la production avicoles françaises ». Richard Ducatelle (Université de Gand-Belgique) complète : « En France, votre système de firmes-services vous donne un avantage car elles assurent le maillon intermédiaire entre la recherche plus fondamentale et les applications de terrain ce qui est difficile ailleurs ». Avec un tiers de chercheurs et deux tiers de professionnels (firmes d’additifs et d’alimentation animale), la WPSA réaffirme son implication dans la recherche ciblée. « Au total, plus de 300 communications sont présentées (…). Le programme montre que la nutrition est un point central pour les productions animales », qu’il s’agisse de santé, de performances, ou encore des demandes du consommateur, détaille Pierre André Geraert, président de la branche française de la WPSA et du conseil scientifique.
La flore intestinale révèle ses secrets
La suppression des facteurs de croissance antibiotiques fait de la France un terrain scientifique intéressant. L’aviculture, parce qu’elle est plus tard que les autres productions animales à la découverte de sa flore intestinale (l’utilisation des facteurs de croissance avait tendance à lisser les hétérogénéités entre les individus et entre les élevages), avance à marche forcée. Les solutions techniques pour répondre à la suppression des régulateurs de flore et à l’incertitude quant au futur statut des coccidiostatiques (additifs ou médicaments) se développent. Les principaux sponsors du congrès, Pancosma, Phytosaynthèse et Proviad, proposent tous des extraits de plantes ou des acidifiants. Les chercheurs tentent de mieux connaître cette flore. « Par exemple, s’il y a trop d’acides aminés libres dans la partie finale du tube digestif, ils risquent d’alimenter les salmonelles », illustre Richard Ducatelle, « et l’acide butyrique, l’acide gras à courte chaîne le plus intéressant en terme de gestion de la flore, voit ses effets modifiés selon qu’on l’incorpore à haute ou faible dose ».