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La France en quête d’un consensus sur l’abattage rituel

Au delà des questions de principe, les priorités sont de promouvoir la formation du personnel et le choix du matériel le plus respectueux de l'animal.

C'était une première : une conférence visant à trouver des points de convergence entre les principes de l'abattage rituel, musulman et juif, et les préoccupations des défenseurs de la condition animale s'est tenue mardi dernier à Paris. L'association AVS (A Votre Service) en était l'organisatrice, avec la participation du Projet européen DIALREL pour l'instauration d'un dialogue institutionnel sur l'abattage religieux. Cette première conférence -car l'AVS promet d'en organiser d'autres- s'inscrit dans un contexte très riche : l'engagement des rencontres Animal et Société en France, la révision en cours de la directive européenne 93/119/CE visant le traitement de l'animal dans le processus d'abattage et enfin la méfiance grandissante, au sein du monde musulman, envers l'abattage pratiqué sans étourdissement, ce dernier entraînant trop souvent la mort. L'étourdissement concernerait 11% des gros bovins abattus rituellement en France, 7 % des veaux et 12 % des ovins. Il serait beaucoup plus répandu dans la filière volaille. AVS ne donne son agrément qu'aux abattoirs utilisant la dérogation réglementaire, pour les ruminants, consistant à maintenir l'animal immobilisé par une «contention mécanique». La Fondation Brigitte Bardot s'est jurée d'imposer cette pratique en France, comme c'est le cas en Norvège, en Suisse, en Suède et en Autriche.

AVS avait invité une autre association de protection animale, l'OABA (oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir), en raison de son refus de céder au sensationnel et de ses positions pragmatiques. L'OABA va côtoyer la Fondation Brigitte Bardot dans le groupe de travail qui se penchera dès le 8 avril sur l'abattage rituel dans le cadre des rencontres Agriculture et Société. L'Oeuvre est par ailleurs très liée au groupe de pression européen pour le bien être animal. L'OABA n'est pas neutre sur la question de l'étourdissement, qu'elle encourage ouvertement. Cependant, et les responsables d'abattoirs le savent bien, ses priorités sont de promouvoir la formation du personnel et le choix du matériel le plus respectueux de l'animal, deux facteurs essentiels de la bonne pratique du sacrifice religieux. Si les cadences trop rapides sont pointées du doigt comme étant responsables de mauvais traitement, la formation adéquate serait susceptible de les faire reculer considérablement, convient-on à AVS.

Le professionnalisme, le trait d'union entre tous

La conférence s'est voulue le théâtre d'une confiance mutuelle des deux organisations. AVS a réaffirmé le devoir des musulmans (le même que chez les juifs) d'éviter autant que possible de stresser l'animal et de le faire souffrir. L'OABA a affiché sa volonté d'être à l'écoute et de coopérer à des objectifs communs. Le trait d'union entre AVS et l'OABA est avant tout le professionnalisme, valeur qu'a défendu en termes de réussite commerciale en France, le porte-parole d'Irish Country Meat. Le président d'AVS, dans sa conclusion, a appelé les opérateurs du Halal à être ambitieux. Il souhaite que ce segment de marché tire l'ensemble vers le haut en étant porteur «d'actes concrets sur le terrain». Ce volontarisme vise à rendre ses lettres de noblesses au rituel. Le rite, souvent qualifié de barbare, doit changer d'image, être moins sujet aux préjugés, ne plus prêter le flanc aux idéologies et aux lobbies contraires.

A long terme, AVS ne désespère pas de faire admettre qu'un égorgement pratiqué de main de maître dans des conditions idéales est la méthode la plus humaine de mise à mort de l'animal de rente. Les conditions idéales sont à l'étude à travers le monde. L'abattage sans étourdissement préalable pourra alors se départir du statut dérogatoire qu'il a dans l'Union européenne. Et la viande qui en sera issue pourrait s'afficher sans crainte dans les circuits conventionnels. L'étiquetage est en effet fortement souhaité, ont laissé entendre les invités de la DG Sanco et du projet Dialrel.

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