La fraise en crise depuis deux semaines
Après un début de saison correct en Gariguette, même si un euro a été perdu sur la saison par rapport à 2004 les producteurs de fraises rondes sont de nouveau confrontés aux pires difficultés et craignent que le scénario catastrophe de l’année dernière se répète. En effet, depuis le week end de l’Ascension, les prix des rondes ont chuté au stade expédition pour évoluer entre 2 euros et 2,50 euros, soit une rémunération producteur inférieure à 2 euros, en dessous du coût du production. Les responsables professionnels de la filière ont été reçus en début de semaine au ministère de l’Agriculture et une réunion devrait être organisée en début de semaine prochaine, sous l’égide de l’Oniflhor avec la grande distribution. « Nous allons demander à ce que les prix de cession reviennent à 3 euros pour pouvoir dégager un prix rémunérateur pour les producteurs, sans que cela nuise au prix de détail», précisait Xavier Mas, président de la section nationale fraise monté à Paris avec les responsables des sections régionales.
Les rondes sont disponibles en grandes surfaces autour de 5 euros le kilo. « Le ministère s’est montré soucieux de mettre éventuellement en place un système d’encadrement des marges, mais notre problème c’est le temps. La campagne sera probablement achevée lorsque cela surviendra». Le dispositif envisagé, l’application de coefficients multiplicateurs, voté en début d’année par le Parlement, n’est en effet toujours pas opérationnel puisque le projet de décret d’application, selon nos informations, a été soumis au conseil d’État qui ne devrait pas se prononcer avant la fin mai sur le sujet.
Après une année 2004 catastrophique pour les producteurs de fraises rondes, notamment en Dordogne, le spectre d’une nouvelle crise fait planer les plus lourdes incertitudes quant au devenir de la production de fraise en France. « Nous avions déjà annoncé l’année dernière que nous ne pourrions pas passer une nouvelle campagne dans ces conditions. J’ai donc alerté les services du ministère sur l’opportunité d’envisager d’autres mesures d’aides de soutien à la trésorerie pour les producteurs, plus efficientes et directes, mais je n’ai obtenu aucune réponse sur ce sujet», précise encore Xavier Mas. Mais il est peut-être déjà trop tard.