La FNB et le combat de l’autonomie alimentaire
« Tout notre secteur de production peut basculer dans le vide en fonction du contenu des prochains accords à l’OMC en 2006. » En prononçant son discours, hier, à l’Assemblée générale de la Fédération nationale bovine, le Président Pierre Chevalier avait un ton grave. C’est selon lui, un scénario catastrophe qui menace les éleveurs. Un cauchemar dans lequel les importations de bœuf européennes passeraient de 500 000 t à 1,3 Mt. L’afflux de viandes étrangères provoquerait un effondrement des prix de 40 à 50 %, jusqu’à un niveau de 1 50 euro par kilo pour les producteurs. Un quart de la production du cheptel allaitant serait condamné.
« L’enjeu est d’abord l’indépendance et la sécurité alimentaire » a-t-il poursuivi. Sur ce dernier point, le président de la FNB a dénoncé les carences des viandes d’Amérique du Sud en matière de traçabilité, d’exigences sanitaires, d’environnement, de bien être. « Les citoyens comme les consommateurs sont trompés. Le développement de la filière viande au brésil rime avec déforestation massive. » Il sa souligné l’importance de l’élevage français en terme d’emplois, chiffré à 200 000 pour la branche bovins et ovins viande, et en terme d’équilibre du territoire.
« Il ne faudrait pas que le déficit actuel en viande bovine serve de prétexte à ouvrir les frontières au viandes du Mercosur, a déclaré pour sa part Jean-Marc Nesme, président du Groupe d’études à l’Assemblée nationale sur l’élevage bovin en bassin allaitant. Tout doit être fait pour aider les producteurs de races à viande à produire plus et dans de meilleurs conditions. »C’est notamment sur ce thème qu’est intervenu Dominique Bussereau. Le ministre de l’Agriculture a annoncé des décisions dans les jours à venir sur le financement du deuxième pilier de la Pac. Il a d’ores et déjà promis une « sanctuarisation» de l’indemnité de compensation aux handicaps naturels (ICHN). Une priorité sera donné à l’élevage intensif à travers la prime herbagère agri environnementale (PHAE). Pour ces aides au développement rural, dont la part européenne vient d’être amputée de 35 %, un équilibre sera trouvé entre un coup de pouce national et un abondement des collectivités .