La fin de la hausse des produits agricoles n’est pas pour demain
Des « facteurs transitoires », plus que la croissance de la demande d'agro-carburants, sont en train de pousser à la hausse le blé et les matières premières agricoles, selon le rapport conjoint de l'OCDE et de la FAO sur les Perspectives agricoles de 2007 à 2016 rendu public hier. Les épisodes de sécheresse dans les régions productrices de blé ou le faible niveau des stocks expliquent « dans une large mesure » les récentes augmentations des prix agricoles, dit ce rapport annuel rendu public hier. Il reste que la production croissante de carburants d'origine végétale « entraîne une mutation radicale des marchés agricoles », dit le communiqué des deux organisations, au point d'induire une hausse des prix mondiaux de nombreux produits agricoles.
Aux Etats-Unis, la production annuelle d'éthanol devrait doubler entre 2006 et 2016. Le volume de maïs utilisé à cette fin, qui a déjà doublé depuis 2003, passerait de quelque 55 Mt, soit un cinquième de la production américaine de maïs, à 110 Mt, soit le tiers, à la fin de la période couverte par les projections. Dans l'Union européenne, les volumes d'oléagineux (principalement de colza) destinés à la production de diester devraient passer d'un peu plus de 10 millions de tonnes à 21 millions de tonnes pendant la même période. Au Brésil, la production annuelle d'éthanol devrait atteindre quelque 44 milliards de litres d'ici 2016, contre 21 milliards de litres environ aujourd'hui. La Chine devrait voir sa production, de l'ordre de 2 milliards de litres actuellement, grimper jusqu'à 3.8 milliards de litres en dix ans.
Hausse de 20 % pour le prix mondial du blé
Plus classiquement, le rapport mentionne la réduction des excédents « imputable aux réformes passées de l'action publique » en tant que facteur de maintien des prix au-dessus de leurs niveaux d'équilibre historiques dans les dix prochaines années.
Les ordres de grandeurs des hausses sont de 20 % pour le prix mondial du blé, de 13 % pour les tourteaux oléagineux, de 18 % pour les huiles végétales, de 7 % et 8 % pour la viande bovine et la volaille en Europe. Beaucoup de pays en développement devraient voir leurs importations ou leur production s'accroître. Les échanges d'huiles végétales pourraient progresser de quelque 70 %, les échanges de viandes bovine et porcine ainsi que de lait entier progresser de plus de 50 %.
Du côté des importateurs, la Chine sera devenue en 2016 le premier acheteur mondial de tourteaux oléagineux et engloutira la moitié des graines oléagineuses mises sur le marché, assurent les analystes. Le rapport note par ailleurs un renforcement « saisissant » de l'Argentine et du Brésil sur les marchés d'exportation : céréales et produits laitiers pour la première, sucre, oléagineux et viande pour le second.
D'autres pays exportateurs confirment leurs positions : la Russie et l'Ukraine pour les céréales secondaires, le Vietnam, pour le riz, la Thaïlande pour les huiles végétales, le riz et la volaille, l'Indonésie pour les huiles végétales et encore la Malaisie, l'Inde et la Chine pour la volaille.