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« La fin de la domination absolue du pétrole a sonné »

Tereos, 5e producteur mondial d’alcool, a inauguré sa nouvelle distillerie d’Origny, qui produira de l’éthanol à partir de jus de betteraves concentrés. En avril 2007, l’usine de Lillebonne produira de l’éthanol à base de blé.

« La fin de la domination absolue du pétrole a sonné », a prévenu Philippe Duval, président de Tereos, en accueillant le ministre de la Santé, Xavier Bertrand lors de l’inauguration de la nouvelle distillerie d’Origny Sainte-Benoîte (02) le 30 septembre dernier. Un ministre de la Santé qui inaugure une usine de production d’alcool a de quoi surprendre ! Mais la date du 30 septembre ne pouvait pas mieux tomber. Au moment même où le ministre de la Santé coupait le ruban, les portes du mondial de l’automobile de Paris, qui consacre une place importante aux biocarburants et aux voitures flex-fuel, s’ouvraient au grand public.

Le ministre de la Santé Xavier Bertrand, mais aussi député de l’Aisne et adjoint au maire de Saint-Quentin, n’a eu de cesse d’accompagner betteraviers et céréaliers dans leur combat en faveur des biocarburants. Il ne s’est donc pas fait prier pour couper le ruban tricolore en plein cœur d’une usine… encore en construction et qui devrait rentrer en exploitation dans les prochaines semaines.

Philippe Duval aime à inscrire dans le marbre des évènements stratégiques… que le 5e producteur mondial d’alcool « distille » au gré de ses développements internationaux. Le démarrage de la distillerie d’Origny en est un. Quatorze ans après les premiers essais effectués dans le cadre de Bio-Ethanol Nord Picardie (BENP), Origny multiplie par dix ses capacités annuelles de production en passant d’une production annuelle de 300 000 à 3 millions d’hectolitres. Avec la distillerie d’Origny et celle de Lillebonne qui sera opérationnelle en avril 2007, « Tereos devient un acteur résolu des projets biocarburants », insiste Thierry Lecomte, président du conseil de surveillance. Le groupe se hisse désormais aux premiers rangs mondiaux des producteurs d’alcool et d’éthanol, « et veut rentrer d’ores et déjà dans les vastes champs des biocarburants de seconde génération et de la chimie verte ».

Convaincre les distributeurs de carburant

« On constate enfin une forte convergence des discours des pétroliers, des industriels et des agriculteurs sur le dossier », relevait quant à lui Dominique Ducroquet, le président de la CGB en rendant hommage à l’action de Xavier Bertrand. « La ténacité, ça paye, mais il faut vraiment y croire», lâchera de son côté Philippe Pinta, le patron des céréaliers français.

Mais tout est loin d’être réglé. « Il faudra impérativement fournir durablement de l’éthanol et contractualiser les matières premières dans des conditions qui sécurisent usines et agriculteurs», poursuivait le président des betteraviers français, qui ne veut pas que « la matière première serve de simple variable d’ajustement ! ». Il faudra aussi des pompes qui puissent distribuer le fameux E85 et des voitures flex-fuel qui puissent rouler avec ce mélange composé de 85 % d’éthanol et de 15 % d’essence ! Pour que la filière puisse monter en puissance, il faut surtout une fiscalité adaptée et sécurisée. « Il faut aussi une plus grande force de conviction des distributeurs de carburants», plaide de son côté Philippe Pinta.

Le ministre s’est montré également rassurant envers ceux qui craignent que le développement des biocarburants puisse rogner sur la partie alimentaire de la production agricole. « Le président Jacques Chirac abordera ce volet dans quelques jours », révélait Xavier Bertrand.

Le député de l’Aisne considère aujourd’hui que les voies des biocarburants s’éclaircissent. « Nous nous sommes éloignés de la tutelle que les pétroliers voulaient nous imposer en passant par l’ETBE et nous avons obtenu une défiscalisation importante… Mais le travail est loin d’être terminé ! », précise le ministre. Les biocarburants doivent encore obtenir des avantages pour avoir encore plus de lisibilité à long terme.

Pour son site d’Origny, Tereos vient d’avoir confirmation du gouvernement d’un contingent supplémentaire de 30 000 tonnes qui s’ajoute aux 47 000 tonnes initiales, et permet au groupe d’avoir cette lisibilité. Une lisibilité qui dépendra aussi des négociations futures sur la levée des barrières douanières. « Car il ne s’agit pas de substituer une nouvelle dépendance aux bioénergies importées à la dépendance actuelle aux hydrocarbures », a expliqué Xavier Bertrand. Ce qu’avait expliqué Dominique Bussereau quelques jours auparavant.

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