La filière veau cherche à relancer la consommation
Les meilleurs spécialistes du veau se sont réunis, la semaine dernière à Saint-Malo, pour un symposium international. « Comment maintenir et développer la consommation » : c’était le thème d’une table ronde, organisée en clôture des travaux. Bernard Juge, responsable Métiers du frais chez Système U, a d’abord planté le décor. « Prenons garde à la baisse tendancielle de consommation de viande de veau, a-t-il prévenu. Ce phénomène est dû à une diminution de la fréquence d’achat. Les jeunes se détournent du produit. »
Pour lui, le défi consiste à remettre le consommateur au centre des stratégies de filière. Tous les maillons sont concernés. Le producteur doit veiller à la qualité de son élevage, à la régularité des animaux, à l’adaptation de la mise en marché. L’industriel a un rôle de plus en plus important de structuration de la filière. Cela touche à la logistique, l’élaboration croissante des produits, la gestion des déséquilibres matière. « Un gros travail lui reste à faire dans la collecte et la transmission de l’information », a-t-il estimé. Le distributeur doit pour sa part conseiller et informer le client. Un énorme chantier consiste à moderniser les rayons, jugés trop froids, avec un vocabulaire trop technique. « Les grandes enseignes doivent informer l’amont sur les tendances de consommation. On n’est pas bons là-dessus », a-t-il ajouté.
Une viande chère
Un problème majeur du veau réside dans son prix. Les consommateurs le jugent trop cher. « Il faut une meilleure régularité du prix de vente, a en outre estimé Didier Piton, du groupe Carrefour. Les fluctuations sont telles qu’on hésite à mettre le produit en rayon. Les éleveurs, les industriels et les distributeurs doivent s’arranger pour obtenir un prix de vente plus linéaire. » A ce sujet, le président de l’UECBV Laurent Spanghero a lancé un appel aux opérateurs pour que le prix du veau de huit jours serve de variable d’ajustement. « Le veau restera toujours une viande chère, a déclaré Marc Botton, de la société Tendriade. Mais, en apportant de la valeur ajoutée, avec des produits pratiques, du service, on lève ce frein à la consommation.»
L’industriel a également souligné la rupture de transmission culinaire entre les générations. Une solution est de vendre des produits précuits, facile à mettre en œuvre, pouvant être réchauffés au micro-onde. « Le veau souffre d’un décalage entre l’offre proposée et le mode de vie des consommateurs, a-t-il poursuivi. Son temps de cuisson est parfois long. Il faut adapter le produit, le rendre accessible, pour l’ancrer dans les repas au quotidien. » Pour attirer les jeunes, le président du CIV Louis Orenga a souligné le succès des recettes mises sur internet. Marc Botton a insisté sur le travail à mener avec les GMS pour renforcer l’attrait du rayon, améliorer la visibilité des produits. Des efforts restent à faire en matière de packaging. C’est au produit d’aller vers le consommateur, pas l’inverse.